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De la Logistique
Ou l'art du Management dans les Dessous et au dessus
 
Cal Keran
Comitaire actif,
Caïd

Kil'sin  
Le Matal 28 Jayar 816 à 16h07
 
*** Le jeune voleur porte la petite flasque d'argent à ses lèvres, descendant une longue rasade de vin. Un produit de qualité, qu'il n'avait guère le temps d'apprécier. Guère l'envie, également. Cette prise était une mauvaise prise. Non pas parce qu'elle s'était mal passée. De nuit, sans que le quartier n'entende rien. Les papiers avaient été légalement signés. Les gars étaient déjà en train de changer les serrures, au cas où un petit malin aurait eu l'idée de garder les anciennes clés. Mais parce qu'il y avait eu un mort. Un bon gars, en plus. Georges. Georges était le chef de la petite bande contrôlant le secteur de l'entrepôt du Souk, un des entrepôts les plus excentrés du Marché. L'avantage était que sa position permettait d'y transporter, en plus des marchandises traditionnelles sur lesquelles prélever une "taxe", un bon nombre de marchandises l'étant beaucoup moins. Traditionnelle et légale s'entend.

Mais Georges n'était vraiment pas pratique. Et avoir à essuyer un refus de la part d'un membre aussi bas de la pègre n'était vraiment pas une possibilité que la Main pouvait se permettre. Le gang ne s'en prenait pour l'instant qu'à des équipes réduites, s'arrangeant pour ne se mettre personne à dos et pour régler ses affaires le plus discrètement possible. Si le jeune voleur s'était arrangé pour que celui-ci dispose de la force de frappe nécessaire pour encaisser une attaque rivale un peu violente, le comité officieux n'était pas encore suffisamment établi pour avoir pignon sur rue, et risquer aussi bien que des Vigilants mettent le nez dans leurs affaires, que des gangs possédant plus de bouteille.

La Main se retrouvait donc dans cette curieuse situation d'équilibriste, où le besoin d'en imposer le dispute à la prudence. Cal et la prudence, ça faisait deux. Et coup de bol, sa mère aussi. Versant une goutte de vin au coin des lèvres du défunt Georges, allongé sur une table dans l'entrepôt, ultime petit verre avant un grand bain, ou peu importe le sort réservé au corps, le voleur observe le fin trait rouge barrant sa gorge. Il n'avait pas souffert. Cal n'aimait pas faire souffrir. Inutile, coûteux, un plaisir de sadique à réserver aux sadiques. Sous l'oeil des trois hommes encadrant les deux gars qui aidaient Georges à l'inventaire ce soir-là, le blondinet se rapproche des deux gars tremblottant. Un léger sourire aux lèvres. ***


Cal : Bon, messieurs. Maintenant que cet incident est passé, voilà ce que je vous propose.

*** Désignant un bout de papier signé : ***


Cal : Ici, les documents prouvant que l'entrepôt nous a été cédé parfaitement légalement. Notre ami l'aurait fait plus gentiment, nous n'aurions pas maintenant à nous organiser pour son pot de départ. Je pars du principe que les meilleurs employés sont ceux connaissant les lieux. Ce que je vous propose donc, c'est tout simplement de "rester avec les meubles". Même salaire, même conditions de travail, et si vous faites du bon boulot, je suis sûr que nous trouverons une méthode pour vous récompenser généreusement. Si vous refusez... Je ne vais pas vous menacer au risque de vous voir baver au pire moment. Si vous refusez, partez. Si je vous vois dans le coin, ou que j'entends que l'un des deux a parlé de nous et de cette nuit, je me verrai dans l'obligation de lui faire très mal. Quitte à y laisser la peau, soyons clair, c'est un inconvénient mineur. Alors, messieurs, la Main peut-elle compter sur votre expertise motivée et volontaire ?

*** Regard des deux hommes. Qui opinent rapidement du chef. ***


Cal : Ravi d'avoir pu trouver un arrangement. Maintenant...

*** Se retournant vers la seule femme du petit groupe, le jeune voleur lui sourit franchement. ***


Cal : Mon petit doigt m'a dit que tu étais doué pour t'occuper de régler les conséquences des actes d'autrui. Pourquoi ne pas me montrer ça, mmmh ?


Gentleman Cambrioleur
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Natisha Bel-Ami
Paria
Kil'sin  
Le Merakih 29 Jayar 816 à 10h18
 
S'occuper des conséquences des actes d'autrui ?
Ouais, c'était une manière de formuler de les choses.
Enfin bon, si autrui pouvait faire gaffe à ce qu'il faisait en premier lieu, ça arrangerait bien l'arrangeuse de fortune.

Natisha écoute distraitement les propos du petit gars un peu buté qui est un énième supérieur hiérarchique. Évidemment, la prise de ce petit morceau de territoire l'intéresse beaucoup vu qu'elle risque d'en être une usagère régulière. Elle lorgne pensivement les survivants de cette petite attaque. Des gars qui changent de camp, bien sûr, ça arrive...ça ne peut être que de la petite main d'oeuvre : quand on est vraiment affilié à un gang, on vit et on meurt par lui. Elle reste suspicieuse cependant. C'est toujours embêtant de laisser des témoins, même si l'efficacité assassine du petit truc nerveaux et blond a de quoi faire réfléchir d'éventuels bavards.

Bizarre, d'ailleurs, le petit gars. Cal, c'est ça ? Un truc comme ça. Avec des « k » partout. Il ne payait pas de mine à l'arrivée...mais après avoir vu ce rapide égorgement sur ce malheureux George, Natisha avait pris note mentalement d'éviter de trop lui marcher sur les pieds. Bon, évidemment, quand on égorge quelqu'un, ça en fout partout. Le corps peut paraître propre, mais la mare de sang dans la salle, beaucoup moins.

«  Oui chef», opine-t-elle. « Les gars peuvent dégager chef ? Z'ont pas besoin de connaître les détails.  »

Elle attend un signe d'assentiment de Cal avant de faire les gros yeux aux survivants, agitant les poignets de manière ridicule :

« Allez,dégagez ! Zou, zou ! »

Une fois tranquille, elle se fend de son coutumier sourire narquois.

« 'Faudrait payer quelques ménagères discrètes, j'crois qu'on a ça quelque part chef.
Pour le reste chef, si vous voulez pas laisser de trace, le plus simple c'est de le passer au-dehors. C'est tellement rempli de fröbekhs et de krÿnans, ces coins là, infestés même, j'dirais. Chef.
Après si vous voulez l'garder sous la main, j'ai accès des plans en construction, on peut toujours le coincer entre deux murs, mais c'pas sûr que les voisins apprécient. »



 
Cal Keran
Comitaire actif,
Caïd

Kil'sin  
Le Merakih 29 Jayar 816 à 22h31
 
*** Chef ? Marrant ça. On l'appelait Cal. Blondin. Le blondinet. Eventuellement, certains de ses "nouveaux amis" l'appelaient "cette petite merde de voleur, ce fils de pute sans honneur, cet étron parlant et jaquetant, cet empêcheur de businesser en rond et ce voleur de poule, et d'éleveuse de poules", mais chef, on ne lui faisait pas. Soit elle était ironique. Soit elle se voulait flagorneuse. Soit elle pensait vraiment à ce qu'elle disait. Dans tous les cas, tout pour plaire à Cal. S'il aurait pu, en d'autres circonstances, s'attarder sur le carénage audacieux de la jeune femme -Si le blondin avait une plus grande attirance pour ce qui se cachait derrière, nul homme ne peut nier qu'il est difficile de ne pas faire traîner son regard quand l'envie s'en fait sentir-, l'heure était moins à la fête et aux compliments d'apparat. ***


Cal : Deux-Doigts, occupe toi de faire enregistrer les papiers avec les autres. Si personne dans un quelconque comité de gratte-papiers n'est réveillé, tu t'arranges. Je veux un tampon commercial quelconque avant demain matin.

*** Si aucun comité marchand n'apportait un vague patronnage à ces papiers, tout ça serait inutile, et on se demanderait sans cesse pourquoi un lieu, qui n'était approuvé par personne, accueillait des marchandises. Et entre ça, et un Vigilant mettant le nez dedans, il n'y avait qu'un pas. Les gars s'en vont donc à leurs affaires, tandis que les deux employés, eux, congédiés par la jeune femme, dégagent prestement, bien content de toujours pouvoir ramener leur salaire et leur tête chez eux.

Se retournant vers la jeune femme, le voleur sourit doucement. ***


Cal : On va laisser tomber les "chef". Deux par vers, j'appelle ça du foutage de gueule, c'est amusant et flatteur le temps d'un alexandrin, mais ça devient vite saoulant. Donc... Des ménagères ? Pour le sang ?

*** Il regarde la tâche. ***


Cal : Oui... Oui c'est vrai... La corde c'est plus propre. Mais bon, il était un peu gros pour moi. Bon, une fois le sang nettoyé, tu comptes faire comment pour sortir le corps ? Tu as besoin d'un chariot, d'une raison, d'un laissez-passer ? Je préfère éviter la solution du génie civil, d'ici à ce que madame Michu décide de bâtir une véranda et ne tombe sur Georges...

*** Oui, il aurait peut être du se poser la question AVANT de faire ça. Mais bon, sa mère lui avait recommandé les talents de cette fille, il devait bien y avoir une raison, non ? ***



Gentleman Cambrioleur
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Natisha Bel-Ami
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Kil'sin  
Le Vayang 1 Julantir 816 à 14h13
 
"- Oui, ché..gnnn...ef-farante prestation !."

Waouh ! Quel habile rattrapage vocable ! Plutôt satisfaire, la jeune femme plisse les yeux en un mouvement très bizarre et paraît totalement oublier l'existence de Cal l'espace de quelques micro-secondes.

- T'es plutôt balèze, toi, tu sais ?
- Merci, merci, se dit Natisha à elle-même.

A la fin de court échange mental silencieux avec sa propre conscience, Natisha revient dans le monde normal pour répondre aux questions du petit truc qui lui causait quelque part en-dessous de son opulente poitrine.

Ah, dire que ce rejeton était sorti de l'utérus de Merika, quelle tristesse...!

" On le fera transiter par voie marchande. Le plus tôt sera le mieux. Il me faudra un chariot, l'habituel laisser-passer, et un stock de vieilles carnes et de bibelots. Ah, et le pot-de-vin, bien entendu. Une bonne pelle, aussi. Et un homme de main. On ne peut pas s'exposer si gratuitement. Il faudra suivre de loin."

Même si le comptage des marchandises et la fouille ne se pratiquait à proprement parler que concernant les marchandises gérées par le Talios, on n'était pas à l'abri d'un excès de zèle. Au Sin comme ailleurs certains agents acceptaient de fermer les yeux, à condition de rester discrets. Mais la Main est encore jeune, et son pouvoir n'est pas tentaculaire. Raison pour laquelle en grande partie on préférait convoyer les marchandises à pied plutôt qu'en utilisant les navettes volantes ; souvent aussi il fallait faire appel au monde des égouts, un incontournable dans la profession de contrebandier. Mais pour une petit expédition et une petite livraison, les risques restaient minimes, à condition de ne pas trop attirer l'attention sur soi.

 
Cal Keran
Comitaire actif,
Caïd

Kil'sin  
Le Sukra 2 Julantir 816 à 22h07
 
*** Le jeune voleur soulève un sourcil perplexe. Marrant, un instant, il avait l'impression que la jeune femme se foutait de lui, l'instant d'après, qu'elle parlait toute seule avec ses multiples personnalités. Bah. Tant qu'elle faisait son travail. Et puis ce petit côté "à coté de la plaque" pourrait s'avérer amusant, quand il aurait le temps de s'amuser. Ah, parfois, il regrettait sa vie de freelance sans envergure. Le bon temps. ***


Cal : Je vois. Il aurait mieux valu que tu demandes ton chariot avant d'envoyer les autres déguerpir. Quand au laisser-passer, il nous faudra au moins une journée pour l'obtenir. Tu n'as pas quelque chose de plus rapide ? Genre le jeter dans les égoûts ?

*** Il lève le doigt. ***


Cal : En fait... Arrête moi si je me trompe, mais nous sommes d'accord que seule l'identité de la victime poser problème, pas vrai ?

*** Il regarde Georges. ***


Cal : Pas de visage, pas d'identité. Pas d'identité, pas de problème.

*** Il semble réfléchir un peu plus, et, se penchant sur le cadavre, le fouille. Lui retirant sa chevalière, il la fait jouer entre ses doigts. ***


Cal : Un petit coup de soude ne pourrait pas résoudre le problème ? Il suffirait ensuite de larguer le cadavre à l'autre bout du Kil, et pour ça, un sac bien planqué suffit.


Gentleman Cambrioleur
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Natisha Bel-Ami
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Kil'sin  
Le Merakih 6 Julantir 816 à 10h32
 
Natisha regarde Cal avec un petit sourire en coin, qui dissimule bien sa frustration à l'idée d'être privée d'une ballade mortuaire à l'extérieur, et qui ne montre que son apparente surprise face à l'ingéniosité du petit.

" - C'est plus simple. Il y a quelques endroits abandonnés dans les Dessous et aux parages. On peut très bien les utiliser. D'ici à ce qu'on découvre le corps, il n'en restera plus grand chose. Le risque est alors la découverte impromptue par des gosses du voisinage. Mais où serait l'excitation sans le risque ? " finit la blonde avec un grand sourire.

"- Je m'en occupe. Ce sera terminé d'ici quelques heures. Je prends les deux autres avec moi."


Préjugeant que Cal ne supervisera que de loin cette affaire et que les détails sont réglés, la contrebandière s'efface pour aller retrouver les deux nouveaux employés de la Main, qui la regarde avec une sorte de terreur mêlée d'inquiétude.

" - Venez par ici, mes chéris, faut qu'on cause. Maman va bien s'occuper de vous...Allez me trouver un chariot, une planche, de la chaux, soude, scie, plusieurs sacs. C'est un entrepôt ici, vous allez vous débrouiller ? Et à votre place, je me bougerais le cul, si vous voulez pas contrarier le chef. Zou !"

Les deux gars font les gros yeux, mais vaquent à cette étonnante liste de course sans trop poser de questions. Les matériaux ne sont pas difficiles à obtenir, mais ils ne tombent pas du ciel non plus.

Natisha retourne dans la pièce où George est allongé, sautille vivement près du cadavre pour s'asseoir, et balance ses grandes gambettes d'un air de s'ennuyer ferme.

" - Y a plus que nous deux, chef. Un homme...une femme...un cadavre...tant de possibilités"
, soupire-t-elle, de quoi faire froid dans le dos. Reprenant un ton plus sérieux, elle rajoute :

" Z'avez l'habitude de vous salir les mains comme ça, chef ?"



 
Cal Keran
Comitaire actif,
Caïd

Kil'sin  
Le Julung 7 Julantir 816 à 14h17
 
*** Le voleur semble peser les paroles de la "spécialiste", avant de hausser les épaules. Un travail devant être effectué rapidement ne souffre pas d'une trop long réflexion. ***


Cal : Je viens avec toi. Non discutable.

*** Trop souvent les gars le regardaient en se demandant s'il allait vraiment se bouger avec eux, ou attendre posé sur son cul que les membres du gang s'arrangent pour finir le travail. Terminer derrière un bureau à planifier, menacer, et imposer le nom de la Main. Définitivement pas pour lui. Entendre le mot "risque" était déjà bien trop tentant. Paradoxal. Il fallait éviter les risques autant que possible, mais il ne pouvait toujours pas s'empêcher d'en prendre. Regardant la jeune femme aller organiser son petit bordel.

Sortant une flasque de sa veste, il en descend une rasade, regardant du coin de l'oeil la contrebandière s'agiter. Lorsqu'elle revient, il descend une nouvelle gorgée. Grande, celle-ci. Tendant le contenant à la jeune femme, il se force à sourire. ***


Cal : J'évite autant que possible. Mon rayon, c'est le vol, le sportif, pas l'assassinat de sang-froid.

*** Lorgnant sur le corps, il semble pensif. ***


Cal : Ca, c'est la conséquence malheureuse d'un refus irrecevable. Tuer n'est définitivement pas mon hobby préféré. Déjà un peu trop répandu à mon goût. Alors je me spécialise dans du classieux. Le cambriolage, c'est du sport, ça. L'infiltration, le petit frisson lorsque tu ouvres une porte close...

*** Comme sa mère avant lui. Même personnalité, même parcours. Mais là où 20 ans de bouteille avait tourné la matronne joyeuse en une chef de gang aux limites de la psychose, le blondinet était encore stable mentalement. ***


Cal : Bel-Ami, le nom me dit quelque chose, mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus. Pas un nom que j'ai entendu dans les Dessous. C'est pas un business familial, pas vrai ?


Gentleman Cambrioleur
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Natisha Bel-Ami
Paria
Kil'sin  
Le Dhiwara 10 Julantir 816 à 11h13
 
Zut, zut, zut ! Elle allait se taper le gosse pendant le trajet.
Natisha a un petit faible pour Merika, mais beaucoup moins pour son fiston, à l'allure un poil trop jeune et sage pour notre donzelle. Bon. Solution bis : le dévergonder et voir ce qu'il a dans le ventre.

Pas question de laisser paraître sa déconfiture, cependant, et au moins Cal a un argument à son avantage : le petiot offre à boire. Hourra !

Natisha chope la flasque à la volée, tout sourire, et lève bien haut le bras, prenant garde à ce que ce geste innocent mette bien la courbe de sa hanche et de sa poitrine en valeur :

" A la tienne !"

Et se retourne pour tapoter la joue du cadavre, à peine dur, à peine blanc, mais qui commence à être froid :

" Tssk, tsssk, à toi aussi, mon grand, ne sois pas si jaloux."

La chaotique créature se retourne pour écouter la remarque du chef. Alors ce dernier n'aime pas trop tuer les gens ? Les deux sourcils (épilés à la crème de miel et d'amande douce qu'elle a piqué à sa domestique lors d'un séjour parental) se plissent légèrement.

"Le classieux",
répète-t-elle avec amusement, ses yeux bleus fixes ne lâchant pas le chef du regard.

Il faut dire que l'éducation de Natisha ne la porte pas à trouver très classieux un milieu social qui se fie aux rapines pour avoir le droit de s'envoyer une rasade de bibine le soir venu. Ugh. Sans parler de cette étrange addiction pour les vêtements en cuir rapiécés, et ce goût prononcé pour le savon gras qui pue. Cependant, il y a quelque chose qu'elle comprend très bien dans la remarque de Cal.

" Aaaaah, le grand frisson"
, cette fois-ci en hochant la tête. "Le mystère océanique, l'étreinte asphyxiante, le défi irrésistible. Le tout tintant comme un appel au plus sombre des recoins : le coeur. Je connais.

Quant à mon nom, cela aurait été étonnant qu'il soit entendu dans les Dessous. Peut-être comme cible. Ou par les morts. "
Rire argentin.

" Papa a été très connu pendant un temps",
poursuit Tisha calmement et avec de l'affection dans sa voix. "C'est un savant, un peu illuminé ceci dit, qui se spécialise dans la fabrication de prothèses, de pantins, d'automates. Très riche, très intelligent, très 'classieux'. Marginalisé, aussi. "

Elle prend une autre rasade avant d'envoyer la flasque au chef, certain que ce dernier la saisira sans soucis au vol.

" Je suppose que tu vas vouloir savoir comment une gentille fille comme moi est devenue si vilaine ?" rajoute-t-elle, adoptant une moue provocatrice tandis qu'elle décroise et recroise ses longues jambes galbées.





 
Cal Keran
Comitaire actif,
Caïd

Kil'sin  
Le Dhiwara 10 Julantir 816 à 19h06
 
*** Cette attitude était étrange. Très étrange. Mais Cal décelait comme... Une attitude justement. Un savant mélange d'affinité et de rôle, ce petit quelque chose en trop qui faisait d'une femme, en apparence si insouciante, à un point presque malsain, une actrice de plus. Cal le sentait. Ce n'était pas grand chose. La plus grande partie de cette attitude était sans doute bien réelle, et parfaitement assumée, mais il ne pouvait résoudre son instinct à abandonner l'idée que celle-ci était plus qu'une apparente psychopathe de plus perdue au Sin. ***


Cal : Non, attends, laisse moi deviner.

*** Levant un doigt, puis deux et trois, suivant son exposé. ***


Cal : Tu as eu honte de voir le nom de papa jeté dans la boue. Tu as donc décidé de lui redonner du lustre, mais d'une manière ironique, le seul moyen que tu aies trouvé fut de sombrer dans les Dessous. Deuxième possibilité, le métier de papa t'ennuie, et tu décides de t'enjailler avec de mauvais garçons pour t'amuser. Plutôt commun, mais ça me semble plus plausible. Et troisième possibilité, l'appât du gain et l'envie de regagner le confort et le luxe que tu as perdu depuis que papa s'est pris une Vindicte dans la gueule. C'est ça, hein ? Une Vindicte, ça a tendance à créer deux catégories de personnes, les paumés des Rigoles, et les tueurs des Dessous. Alors dis moi... Quelle hypothèse est la plus proche de la réalité ?

*** Aucune d'entre elles n'étaient bien flatteuses. Mais provoquer les gens, c'était la spécialité du blondin. Pas par méchanceté gratuite, non, mais les gens en colère avaient une tendance à se montrer plus honnête contre leur gré. Et ça, c'était exactement ce qu'il voulait. De plus, les jolies femmes avaient tendance, en colère, à faire rehausser leur féminité dans un sursaut de violence.

Ou elle ne réagissait pas, et confirmait le petit côté "mesuré" de son attitude. C'était l'autre possibilité. ***



Gentleman Cambrioleur
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Natisha Bel-Ami
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Kil'sin  
Le Julung 14 Julantir 816 à 11h39
 
L’œil de Tisha s'allume, marquant le premier ton d'amusement sincère qu'on lui aura vu cette soirée. Elle observe le petit voleur lui narrer l'histoire de sa vie avec volubilité. Oh, bien sûr, il n'y est pas tout à fait. Mais ses tentatives sont intéressantes. Surtout, en fait, sa capacité à narrer les événements. Elle suppose que c'est cela son point fort : ce bagout évident associé à cette bonne bouille qui doit faire de lui un terrible négociateur. C'est le problème avec Cal : on ne peut pas s'empêcher de bien l'aimer.

Ouais, bah compte pas sur moi pour tomber dans le piège, petit malin, pense-t-elle avec espiéglerie.

Puisque le petit homme sait jouer, jouons. Elle aussi est douée pour raconter des histoires...des fois.

« - Des propositions très imaginatives, mais fausses, malheureusement.
Non, mon papa m'a violé toute mon enfance et je l'ai fui. »


Pas d'air triste, son ton est très factuel. Elle sourit même légèrement. Bien sûr, elle raconte n'importe quoi, mais elle aime bien tester la crédulité des personnes en face d'elle. A première vue, malgré son caractère avenant, elle n'imagine pas vraiment Cal comme un gars très empathique. Il a l'air assez centré sur lui-même et finalement, au-delà de ses innombrables soliloques, assez mystérieux.

«  - Et toi ? Tu as raté une carrière dans le théâtre et a décidé d'utiliser cette langue d'argent pour prendre ta revanche sur le monde ? »


Elle écarte une mèche de son oreille, la voix calme et joueuse.

« Maman t'empêchait de manger des bonbons le soir et tu as décidé de désobéir à ses ordres, développant ainsi tes premiers talents de voleur ?
Ou alors, est-ce un sentiment d'abandon et de solitude qui t'a marginalisé et guidé vers une vie de cambriolage et de reconnaissance ? 
Un amour perdu, peut-être ?
Dis-moi tout !»


 
Cal Keran
Comitaire actif,
Caïd

Kil'sin  
Le Julung 14 Julantir 816 à 12h02
 
*** Le jeune homme semble réfléchir. La réponse donnée par la jeune femme ne prête pas à rire. Pas du tout. Mais il y a toujours ce je ne sais quoi qui le dérange. Les deux possibilités se présentent : la jeune femme est honnête à l'excès, une manière de se montrer forte, libérée et ayant vaincu ses démons. A l'inverse, la jeune femme ne l'est guère, car il n'y a aucun démon à exorciser. Et cette attitude passive est le reflet potentiel pour les deux. Et la meilleure manière de répondre à ça, était de laisser l'information en attente, et de passer à la suite. ***


Cal : J'ai une carrière dans le théâtre. Je suis écrivain et producteur ! Alors d'accord, je n'ai encore rien fait jouer, mais ça finira bien par arriver !

*** Un large sourire se dessine sur son visage. Cal le théâtreux. Tral ? Treux et tral. ***


Cal : Et dans cinquante piges, les gens joueront encore mes pièces dans les trois kils. Les sinites se gorgeront d'avoir connu un artiste comme moi, les daras s'enjailleront sur un texte écrit par un mauvais garçon, et les déens crameront les courageux qui oseront passer des copies sous le manteau. Non, je te dis, ça sera sympa.

*** Rangeant la petite flasque, car rappelez vous les gosses, l'alcool nuit à la santé, surtout celle de votre interlocuteur. Que répondre ensuite ? Optant pour l'honnêteté, il sourit à nouveau. L'avantage d'un bon mensonge, c'est quand on distille des éléments de vrai dedans. ***


Cal : Et tout faux de ton coté aussi. Non, maman a quitté papa parce que papa ne voulait pas que je vole les bonbons la nuit tombée. Manque de pot pour lui, je n'ai jamais vraiment accroché à faire des petits mélanges comme lui, et finalement, j'ai piqué les bonbons, la caisse, et la fille du confiseur. Sans vraiment pouvoir expliquer pourquoi. Marrant hein ?

*** Oui, il n'avait jamais pu expliquer cette attirance fascinante pour ce shot d'adrénaline qu'il ressentait à chaque tentative. Cette intense satisfaction qu'il avait eu en devenant bon. Et cet ennui qui le gagnerait s'il ne restait pas sur le terrain. ***


Cal : Comment tu as débarqué à la Main ? Tu étais là un peu après moi, je crois, mais ce n'est pas bibi qui t'ait recommandé et je n'avais jamais entendu parler de toi, alors... Je suis curieux.


Gentleman Cambrioleur
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Natisha Bel-Ami
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Kil'sin  
Le Julung 14 Julantir 816 à 23h19
 

Bah ça alors ! Producteur et écrivain ? Natisha n'imaginait pas qu'en racontant de telles conneries, le petit gars allait lui répondre oui en plus !
Cette découverte la fait marrer, au point qu'elle donne quelques coups en gigotant à l'adresse du pauvre Georges :

« - Oh, pardon, Georges. »


Plus de flasques ? Oh, c'est dommage. Un instant, la contrebandière caresse l'idée de la dérober au jeune homme. Mais si ce dernier est vraiment le cambrioleur de talent qu'il prétend être, ou même simplement aussi bon que les rumeurs le disent, alors mieux vaut sans doute éviter d'essayer de lui faire les poches.

Mais que serait la vie sans un peu de piment ?

«  - Oh, je suis sûre que tu fais un grand artiste. Je te vois bien dans le vaudeville. Il y a un style, sans doute. Tu me montreras ? »

C'est l'occasion de se déplacer pour voir si une opportunité se dégage de la part de la cible. Minaude, Natisha descend de son perchoir, et avance d'un pas sage et traînant dans la pièce, l'air tellement sur le point de faire un sale coup que c'est difficile de croire qu'elle va réellement en faire un. Sa tête de chipie innocente donnerait vaguement envie à n'importe qui de lui coller des baffes.

« - Ce n'est pas très bien de voler les bonbons de ses parents, enfin. Mais j'en conclue que les cookies la nuit tombée dans le pot de confiture ne t'ont pas suffi, hein ? »

Elle trouve cette conversation avec son chef un peu surréelle, mais poursuit :

« - Tu ne sais pas comment j'ai fini ici ? Ah, alors laisse-moi te raconter ! »

Tisha prend une pose conquérante, mains sur les hanches, sourcils froncés, attitude impérieuse.

«  - C'est une sombre nuit d'hiver. Le froid s'insinue partout, sous les os et dans les dents, quand Natisha Bel-Ami se rend compte qu'Antoine le Dingo l'a doublé. Impossible de s'y méprendre : les caisses de rêvelent ont disparu, la chronine a été écoulé à tous les coins, les clients ont vidé leur poche, mais la trafiquante, elle, n'a rien.

Il est dur de se faire un nom dans le milieu criminel du Sin. Encore plus lorsqu'on n'y est pas né. Et lorsqu'on est une femme, où la voie de métier la plus commune implique beaucoup trop de travail manuel pour notre paresseuse héroïne. La voilà donc confrontée à un choix cornélien : agir prudemment et laisser Antoine faire, pour s'assurer sa protection, ou alors jeter Antoine en territoire krynän un soir de beuverie et prendre sa place dans les affaires. Un sacré pari qui aurait pu bien mal tourner, mais il se trouve que le trafic du Dingo intéressait d'autres personnes ô combien plus importantes dans ce métier : ta maman, en l’occurrence, que j'ai prise…. »


Natisha s'arrête quelques secondes et fait un grand sourire entendu à Cal avant de continuer :

«  - ...comme supérieure hiérarchique, bien sûr. De toute façon, elle ne m'a pas trop laissé le choix. Je crois qu'elle m'a épargné parce que ma tête lui revenait.

Un peu spéciale, ta maman.

Tu sais quelles sont ses roses préférées ? »


 
Cal Keran
Comitaire actif,
Caïd

Kil'sin  
Le Vayang 15 Julantir 816 à 11h30
 
*** Le jeune semble impassible. La scène pourrait prêter à sourire. Si on oubliait un temps le rang des deux zouaves en train de mener cette petite discussion. Le Sin était un joyeux bordel, une démocratie qui prêtait à rire pour certains, un idéal pour d'autres. Mais les Dessous fonctionnaient différemment, et le système illégal était, paradoxalement, plus hiérarchisé que le système légal. Une hiérarchie que nul n'autorisait à rompre sous peine de voir son autorité mise en doute. Il avait pu s'amuser, ses hommes n'étant pas là. Mais ils ne tarderaient pas à revenir, et à ce moment là, avoir une princesse comme escorte serait une très mauvaise chose pour lui. ***


Cal : C'est amusant. Connaissant ma mère, je vais apporter un petit changement à cette histoire, disons de point de vue.

*** Il se lève, plantant son regard bleu, glacial, dans celui de la jeune femme se retrouvant à faire pendouiller ses loches dans le vent. Ce regard bleu si particulier. Et cette voix, si ressemblante avec celle de sa génitrice. Ce ton. Lorsque l'on commence à titiller le bestiau, et que celui-ci laisse son habituelle cordialité tomber pour une franche, très polie froideur. Un contraste brutal. ***


Cal : Ton petit business a attiré l'oeil de ma mère. Celle-ci, quelque peu vexée qu'une jeune fille sans aucun talent particulier ne s'arroge la place qui lui revenait de droit, s'est donc débarrassé du premier gêneur, avant de se pencher sur le grain de sable qui grippait sa machine. Amusée par son attitude et son apparente confiance dans ses capacités, ELLE l'a prise, plus pour s'amuser et pour voir ce que cela donnerait si elle lâchait cette petite chose sur le terrain. Elle a également confié à son fiston le soin de dégrossir le boulot et de la surveiller un peu, voir si cette jolie petite expérience saurait faire quelque chose de ses dix doigts. Quelque chose d'un peu plus important que de se marrer au pieu.

*** Se rapprochant encore, il susurre : ***


Cal : Et aussi de m'arranger pour que cette petite expérience ne tombe pas entre les mains du premier lourdaud un peu trop gros auquel elle déciderait de s'attaquer. C'est drôle, l'ironie du sort, ne pas vouloir adopter le métier le plus commun pour une femme des Dessous, et d'en récupérer le statut malgré tout. Je l'admets, mère a un sens de l'humour particulier.

*** Un petit rire, il s'éloigne, et son ton redevient brutalement, trop brutalement, cordial. ***


Cal : Blanche. Elle a l'impression qu'il lui revient de les teindre en rouge, que la couleur sera plus pure qu'avec des roses rouges. Considère ma mère comme un sujet de plaisanterie, et tu termineras comme tous les autres avant toi. Bon, ils reviennent quand les autres ? Je casserai bien une graine.


Gentleman Cambrioleur
Philanthrope Personnel
Explorateur Urbain
 
Natisha Bel-Ami
Paria
Kil'sin  
Le Sukra 16 Julantir 816 à 11h33
 


Le manège de Cal fait son effet tandis que le grand sourire de Natisha se fixe de manière inauthentique puis disparaît peu à peu.

Ah, donc c'est là que le bât blesse. Intéressant. Le petit gars est capable de hausser le ton s'il le veut. On ne parle pas en mal de maman chérie. Tous les mauvais garçons sont comme ça, malheureusement.

Elle écoute posément les remarques du voleur, sans doute plus proche de la vérité que son propre récit, mais Tisha n'est pas femme à se soucier de la vérité des faits. Certainement au plaisir de Cal, elle fait en tout cas un peu moins la maligne ! Au terme de son discours, la contrebandière ne sourit plus beaucoup et grommelle d'un air ennuyé :

«  - D'accord, d'accord, chef ! »


Elle baisse la tête, puis la relève, étincelante et enjouée à nouveau, pointant un index triomphant sur la poitrine de Cal :

« - Ahahaha ! Je savais que vous ne pourriez plus vous passer de moi ! »


Heureusement pour la patience de Cal, l'envolée allègre de la jeune femme est coupée par le retour des gros bras.
Ceux-ci ont bien fait leur boulot :

«  - On a tout ce que vous avez demandé, m'dame.
- Le chariot…
- Que j'ai piqué à mon grand-père…
- Des sacs en peaux…
- Des scies…
- De la soude…
- On vous a même rapporté à manger…
- La roue du chariot elle est peut être un peu cassée... »


Pendant que les nouveaux enrôlés font leur discours, Natisha se retourne vers Cal :

«  - Il est venu le temps de se salir les minimes. Toujours partant pour nous accompagner, ou tu préfères regarder ?
On va commencer par ranger Georges. Puis se trouver un taudis bien sympathique. Ensuite on le défigure. On lui coupe ce qui va. On le recouvre de chaux. On le recouvre de débris pour le garder bien au chaud, ça accélère la décomposition. Au final, un petit tour de charpenterie pour bloquer les accès et hop ! D'ici trois ou quatre heures, Georges aura disparu définitivement.
Il va falloir le porter jusqu'au chariot ceci dit…. »


Elle fait la moue.

« - C'est plus simple lorsqu'on les persuade de nous accompagner directement sur place. »


 
Cal Keran
Comitaire actif,
Caïd

Kil'sin  
Le Dhiwara 17 Julantir 816 à 19h00
 
*** Le jeune homme se contentera de cette reddition de façade. Mais il n'était pas idiot. Elle n'avait pas l'air du genre à gentiment se coucher quand venait le danger. Juste à être assez intelligent pour baisser la tête, et observer comment évoluait la situation en partant de là.

Et elle le montre bien vite, pas échaudée bien longtemps par leur petite discussion. Mais le voleur sourit, se dirigeant vers ses hommes, et, fouillant un peu dans un des sacs, en extrait bientôt des sandwichs. Ah, le sandwich, cet aliment commun à toutes les époques -tousse, tousse- et résolvant presque n'importe quelle situation. Se retournant vers ses deux nouveaux gars : ***


Cal : Bon, messieurs, foutez moi ça sur le chariot, puis vous vous occupez de l'entrepôt. Je ne veux pas laisser le lieu sans surveillance pendant que je pars avec elle.

*** Nouvelle bouchée, et bien vite le premier sandwich a disparu. Regardant la jeune femme, il désigne le sac, manifestement pas dégouté par le fait de manger pendant que les deux hommes chargent le corps sur leur moyen de transport. ***


Cal : Tu devrais goûter, ils sont mangeables.

*** Quelques pas, et d'un bond, le jeune homme se propulse à l'avant, prenant la place du pasager et tapotant le côté conducteur. ***


Cal : La galanterie me pousse normalement à prendre les rênes, mais quelque chose me dit qu'on commence à suffisamment bien se connaître pour pouvoir se passer des apparences. Quel pied !

*** Un dernier regard aux deux gars. ***


Cal : Vous penserez à me mettre un peu d'ordre, à réunir les livres de compte et les inventaires. Oh, si jamais ce qu'il y a dans le livre venait à ne pas correspondre à la réalité, je serai hélas dans l'obligation de terminer votre période d'essai. Si jamais vous ou Georges foutiez un peu le bordel dans les comptes, je vous conseille de revoir ça rapidement !

*** Une seconde passe, tandis que les deux hommes déglutissent, se carapatant à la tâche. ***



Gentleman Cambrioleur
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Natisha Bel-Ami
Paria
Kil'sin  
Le Matal 19 Julantir 816 à 10h21
 
Natisha suit Cal d'un pas tranquille, sifflotant gaiement derrière son dos.

« - Quelque chose me dit que je ne devrais pas trouver appétissant un aliment que tu qualifies de « mangeable »...mais après tout, j'ai faim. D'ordinaire je préfère plutôt le chapon doré aux cèpes. C'est très bon avec des échalottes déglacées au vin blanc. »


Continuant à radoter, elle se saisit d'un des fameux sandwichs, le jauge d'un œil expert, et poursuit :

« - ….mon père a beaucoup insisté pour que je prenne des cours de cuisine. Il faut dire que l'art culinaire enseigne trois choses cruciales pour la croissance d'une jeune femme saine:comment manier un couteau avec dextérité, comment empoisonner un convive indésirable, et aussi comment sauver les apparences lorsque les voisins viennent dîner chez vous. Ahlalala, les cours de cuisine de Monsieur Lambert, c'était le bon temps. Il était dingue de crevettes. Jamais je n'avais vu autant de façons de cuisiner la crevette auparavant. Tout ça pour dire... »


La contrebandière bondit lestement à la place du conducteur, s'empare des rênes, et d'un coup de poignet, invite les bestiaux à partir. Comme elle n'est pas très douce ou subtile, les bêtes font une petite embardée au départ.

«  - C'est gentil de m'avoir laissé conduire, papa ne me laisse jamais faire. Tout ça à cause de cette histoire de carambolage lorsque j'avais douze ans...Qui eût crû que des poneys puissent galoper aussi vite ? Ah, et bien joué pour l'entrepôt, patron. »

Très vite, Cal se rend compte que Natisha ne sait, en réalité, pas du tout conduire un attelage. Il voit bientôt la mort le frôler lorsqu'elle évite de justesse un porche un peu trop bas pour leurs têtes et leurs torses. C'est presque fascinant, la façon qu'elle a de monter sur le trottoir et d'esquiver à peu près tout et n'importe quoi à la dernière seconde. Elle laisse derrière elle un étal de pastèques écrasées au sol, des marchands ambulants affolés, et une troupe de théâtre de rue amateur dont le mime, dans un élan désespéré pour sauver sa vie, s'est accroché à la droite de Cal.

«  - ..... » hurle-t-il silencieusement.

« - Tu peux le faire descendre, s'il te plaît ? »
demande Natisha. « - Je suis concentrée sur la route. » , dit-elle en passant bien trop près d'une série de cages à volaille qui défèquent de trouille. "Et puis je déteste les mimes. Ils me font peur !"




 
Cal Keran
Comitaire actif,
Caïd

Kil'sin  
Le Matal 19 Julantir 816 à 13h20
 
*** Blablabla. Provoquer, la jeune femme était forte, très forte. Un peu vulgaire, peut-être, trop offensive pour que sa manoeuvre passe inaperçue, mais ça l'amusait sacrément. Ce qui allait moins l'amuser, en revanche, c'était la manière bien particulière dont la jeune femme concevait la notion de conduite. Une manière tout à fait personnelle. Et dangereuse. Cal était un casse-cou(ille), oui, certes, mais tout homme sait lorsque le danger devient du suicide. S'accrochant toutes griffes dehors au bois du véhicule, le jeune homme se force néanmoins à sourire. ***


Cal : C'est ça que tu appelles de la discrétion ? On doit exfiltrer le cadavre, pas faire encore sorte que le Kil lui réserve des funérailles nationales !

*** Car c'était bien ce qui le gênait le plus. Le danger était une notion toute relative, le bruit produit, en revanche... Il fallait maintenant prier pour que personne, dans le Kil, ne note ce chariot débarroulant dans les avenues. Heureusement, le Sin était le théâtre fréquent de ce genre d'évènements. N'empêche, il s'en serait bien passé.

Et s'accroche au chariot un clandestin. Tournant la tête vers celui-ci, le voleur sourit plus largement, lui tendant tranquillement la main. ***


Cal : Salut mon vieux ! Dites, on ne se serait pas croisé, déjà ?

.............


*** Lui répond le silencieux mime, manifestement enfermé dans son rôle. Ou réellement muet. ***


Cal : Super, j'adore ! Continuez comme ça, vous êtes génial.

*** Avant de décocher au mime un torgnole magistrale. La force du jeune voleur était bien supérieure à ce que sa carrure laissait penser. Depuis l'Eveil, son corps s'était renforcé, et le jeune homme en profitait allègrement. Le mime en profitait moins en s'écrasant dans la rue. Il allait bien. ***


Cal : Je n'ai jamais su dire non à une demoiselle en détresse. Les mimes hein ? Ca fait un peu cliché... Tu peux ralentir s'il te plait ? Je n'ai pas envie de débarquer en trombe là où on va mettre le corps.


Gentleman Cambrioleur
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Explorateur Urbain
 
Natisha Bel-Ami
Paria
Kil'sin  
Le Vayang 29 Julantir 816 à 14h27
 
Aux protestations de Cal, Natisha répond, forçant sur sa voix, d'un geste de main dédaigneux :

« - Mais non, aucun risque ! Avec ce chaos, tout le monde est bien trop occupé à protéger sa petite vie et ses petites affaires. On ne remarquera rien ! A moins d'être pris en poursuite nous-mêmes, bien sûr. Mais tu as dû remarquer que…. »


Mais la main levée ne tient pas les rênes et dans un «  ohmerde » rapide, Natisha esquive de justesse un pot de chambre jeté à sa figure, qui ne va pas sans lui éclabousser les chausses.

«  - Ah non ! Je les ai piqué la semaine dernière ! » A l'adresse de son passager :

« - D'accord, d'accord, je ralentis. »

Ou, en tout cas, elle semble essayer de ralentir, mais Natisha semble manquer de concepts et de catégories communes telle que « arrêtons-nous pour laisser passer le piéton », « on va ralentir pour prendre le virage » et j'en passe. Néanmoins, et malgré le nombre de fois où les deux conducteurs frôlent la mort sur leur trajet, le convoi est ralenti et un peu plus discret.

Ils arrivent à hauteur d'un quartier abandonné, près des Dessous. Enfin, « abandonné » ; tout est relatif. Le quartier reste habité par des truands de toute sorte, mais aussi et plus humblement de familles endettées, de malades gravement atteints, ou simplement de parias qui refusent le mode de vie du Sin et tentent de créer leur propre monde à eux dans ces bas-fonds infâmes. Le coin est cependant régi encore régulièrement par des comités divers, dont certains ont des principes éducatifs ou caritatifs assez marqués. Ceux ci entretiennent des réunions et des forums de discussion réguliers sur ce quartier qu'ils ont fini par appeler « Le Puits », sans trouver jamais de solution pour réhabiliter efficacement les lieux et assainir le coin.

Natisha explique tout cela à Cal en guidant le cortège jusqu'à un jardin depuis longtemps oublié.

«  -….c'est assez étonnant que de tels lieux parviennent à échapper à la règle démocratique du Sin. Je me suis toujours demandée pourquoi il existait quelque chose de tels que les Dessous ici. Enfin, je n'ai jamais été élevée purement comme une kilsinite. Papa n'avait pas d'affinité pour les palabres de l'agora et de l'université. » Elle bondit et attache la longe des chevaux. «  - Il faudra faire vite, ou nous risquons de ne pas les retrouver. »

Il ne fait pas de doute que quelqu'un les apercevrait bien et se douterait de ce qui se passe. Mais dans ce genre d'endroit, on n'allait guère dénoncer les caïds comme Cal Keran aux autres gangs ni même aux Vigilants.

Natisha invite Cal à l'aider à décharger le corps dans sa civière, puis le guide vers une vieille maison calfeutrée. A l'aide d'un batôn de métal recourbé, elle fait rapidement sauter une des planches recouvrant les fenêtres et se glisse à l'intérieur. La salle est moite, puante, infestée d'insectes. Les chausses plus guère étincelantes de la contrebandière s'enfoncent dans une matière noirâtre nauséabonde.

«  - Là où nous finirons tous », philosophe-t-elle. «  On a presque fini. Tu sais comment opérer ensuite ? »


 
Cal Keran
Comitaire actif,
Caïd

Kil'sin  
Le Dhiwara 31 Julantir 816 à 21h38
 
*** Le blondin lève les yeux au ciel. Il savait parfaitement qu'attirer l'attention des gens sur un truc bruyant et bien visible pour les faire regarder à côté était la leçon n°1 de l'illusioniste. Mais lorsque le truc bruyant EST le truc dont on doit détourner le regard, ça devient stupide ! Pas un mot cependant, tandis qu'il classifie les informations dans un coin de sa tête.

Se retenant de sourire lorsqu'il aperçoit du coin des yeux le pot de chambre voler, le voleur soulève les pattes à l'instant où le liquide gluant et le verre brisé s'écrase sur le chariot. ***


Cal : Tu disais ? Piquer, ou mis un couteau sous le gorge de sa porteuse d'origine ?

*** Une pointe de cynisme dans la voix, certes, mais ne s'improvisait pas voleur qui voulait. Brigand, c'était une chose. Cambrioleur, une autre. Et la différence entre les deux étaient immenses. En fait, à l'exception vaguement anodine de l'illégalité de la chose, les deux métiers n'avaient rien à voir, et les brigands n'étaient pas, dans l'esprit du jeune homme, à la première place du classement concernant son respect pour les joyeuses professions des Dessous.

Enfin arrivent-ils, au moins en un morceau. Sautant au bas du chariot, le jeune voleur claquant son poing sur le chariot, ouvrant le loquet se faisant. Mais la question de la jeune femme semble l'intéresser. ***


Cal : La démocratie est bien là, même dans les Dessous. Nous sommes ici par choix. Une fois ce choix fait, nous avons simplement à assumer le fait de nous conformer à quelques règles de plus que le reste du Quartier. Comment, par exemple, le respect de la hiérarchie. Et quelque part... Ce respect est nécessaire dans certaines circonstances. Pour préserver la liberté que nous avons de faire notre travail, nous acceptons d'en sacrifier une petite partie. Un petit sacrifice pour un gain bien plus grand. Partons du principe que nous décidions de diriger tous nos efforts via l'action d'un comité régulier. Tu imagines le bordel sans nom ? A chaque décision ? Des vies pourraient être perdues, ou des bénéfices partir en fumée. Stupide et contreproductif. Donc nous acceptons de nous conformer aux lois des Dessous.

*** Attrapant les pieds du colis, il traine le corps sur la civière de la jeune femme, avant de la suivre avec la civière. Souriant à un gamin le regardant, assis dans une flaque de boue, le petit brun lui renvoie un sourire. Parfois, pour protéger tout un quartier, il faut être capable de lui imposer une vision. Comment y parvenir ?

Posant la civière, le voleur semble grimacer légèrement. Pas le meilleur endroit du Quartier. Désignant le corps, il sourit. ***


Cal : Je vous laisse opérer maestro. C'est vous l'artiste, après tout. Je m'en voudrais de prendre la gloire d'une action à son zénith.

*** Mi-moqueur, mi-amusé, le Cal. Comme à son habitude. Manifestement pas échaudé par le côté profondément malsain de la scène. ***



Gentleman Cambrioleur
Philanthrope Personnel
Explorateur Urbain
 
Natisha Bel-Ami
Paria
Kil'sin  
Le Dhiwara 31 Julantir 816 à 23h24
 


Natisha ne réagit à la pique de Cal qu'en grognant vaguement. Pourquoi ce dernier allait-il imaginer qu'elle devait menacer de braves nobles femmes dans la rue pour soutirer leurs chausses ? Est-ce-que ça ne se voit pas assez qu'elle est bien plus classe que ça ? Pfff.

Une fois au coeur de la maison, elle en profite pour juger rapidement de l'état de son chef. Ce dernier, tout jeune et blondinet qu'il est, ne bronche pas un instant en l'aidant à débarrasser la civière ou en s'aventurant dans le taudis. Elle note intérieurement qu'en cet instant, le petit lui paraît fort ressembler à sa mère. Un truc dans le regard et le port du menton.

Son exposé sur sa conception du rôle de la liberté dans les Dessous est aussi assez intéressant. Une apparence de raison et de logique qui lui paraît vaguement sincère, et pourtant faussée. C'est bien un discours de chef et d'ambitieux. Surtout la partie sur la beauté du sacrifice du petit nombre pour le grand. Certes, Natisha n'est pas une grande active des comités, ne maintenant qu'un taux de participation suffisant pour s'éviter une vindicte, mais elle sait reconnaître de la rhétorique quand elle tombe dessus. Ce qui la fait réagir, assez moqueusement :

« - Beau parleur, va. »

Puisqu'il décide de la laisser faire, la roublarde débute son travail sans plus attendre.

D'abord elle dépose le cadavre encore frais de Georges au centre de la pièce unique et effondrée. Sous le choc, une dizaine de petits cafards qui avaient formé un nid là s'éparpillent.
Le reste est assez simple et lui prend une vingtaine de minutes. Elle se protège d'abord les yeux, les mains et le nez. Elle recouvre ensuite le corps de chaux vive que les deux vicaires de tout à l'heure ont placé dans un seau. La matière corrosive comme une poudreuse autour de la tête de Georges. Les protections lui servent à éviter de bêtement se brûler elle-même dans ses manipulations.

«  - Le corps étant encore assez frais, il ne tardera pas à se vider, en fluides d'abord. Bien plus tard, ce seront les intestins et l'estomac qui imploseront. Je ne suis pas spécialiste- mes études ne m'ont pas mené si loin – mais je crois comprendre que la chaux réagit aux fluides liquides assez vivement, participant à leur dissolution. Technique, n'est-ce pas ? Et ça évite les odeurs, en plus.»

Elle recouvre le corps d'une toile lourde et humide.

«  - Tada ! Terminé ! A l'aube, on ne reconnaîtra plus son visage.  Problème réglé.»

Réunissant ses affaires, la maestro se dirige hors de la maison, tenant la planche devant Cal dans une parodie de scène galante.

« - Après vous... »

Une fois Cal passé, la civière rentrée, et les outils récupérés, elle recloue la planche et va pour saisir les rênes de l'attalage.

«  - Je te ramène chez toi ? »
propose-t-elle, souriante.

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