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Le goût du sable
 
Mizar
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Luang 8 Agur 816 à 14h32
 
Verticale du Sin.
Ô Sharss, comme il t'aime! C'était forcément de l'amour, à n'en pas douter.
Allongé là, contre toi, presque avachi, plaqué de tout son corps, l'air bouffi et les membres lasses. Cette inclinaison là était difficile à reproduire. A maquiller, à imiter.

Un peu de bave s'échappait même de ses lèvres. Hum...

Toujours pas mort en tout cas.
La sensation d'être un Vide que la Matière tout entière écrasait contre le sol.
Il n'aurait su dire si c'était la paralysie douloureuse de son bras droit, ou le filet baveux au goût de sable, qui le réveilla en premier.
Aucun des deux sans doute, mais sa conscience l'alerta de ces délicates sensations.
Les informations arrivaient à sa cervelle avec une lenteur effrayante.
Elles souffraient d'un décalage entre le "sentir" et le "penser".
Pire, avec le "décider".

Qu'est ce qui faisait le plus mal?
Il souffla et essaya de désamalgamer sa bouche du sable. Il n'y parvint pas, mais ce geste initia un froncement de sourcil.
La machine se remettait en mouvement, tout en restant immobile comme un sac de terre sans muscle.
Ses yeux ne lui dirent rien -ça vous étonne??-, par contre l'écho du silence indiqua à ses oreilles qu'il était seul, dans une petite pièce.
Sans carrelage, ni parquet.
Quel manque de savoir vivre! Pas de courant d'air en plus.
Ils auraient pu faire un effort. A l'évidence, ce n'était pas une chambre d'ami.
Un trou donc.

Ah oui...
Cela collait avec les bribes de souvenirs qui refluaient.
Foutue mémoire! Au même moment, il grimaça à la douleur réveillée sur son crâne.
Ils étaient pas obligés de frapper si fort.
Donc, pas un trou : un cachot.


Eh merde...



***
Dans l'Entrelac, vous reconnaîtrez son empreinte entre toutes. La sensation de passer la main sur une peau rêche. Un léger amusement qui ne sera pas le votre. Une grande lueur puis...l'image: une pupille brûlée.

L'Aveugle
***
 
Mizar
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Luang 8 Agur 816 à 16h48
 
Même pas l'ombre d'un rêve.
Vous savez? le genre de rêve que le héros fait et qui lui indique ce qu'il doit faire.
Façon prémonition et destin grandiose à venir. Le parcours initiatique est devant toi, Ô élu des Dieux!
Dans les histoires romancées, c'était très utile pour relancer l'intrigue.
Là, rien de rien, ce qu'il avait en tête n'avait pas l'odeur du rêve.

Enfin, n'exagérons rien, il avait eu ce genre de rêve. Une fois.
Il y a longtemps maintenant. Mais les Cendres ont laissé place au Sable.
Et lui était moins causant, moins mystique.
Plus pâteux.

Le goût qu'ont les choses qui vous glissent sans cesse entre les mains.


Pourquoi j'sens que t'es pas loin, Val...

Mots davantage crachés que soufflés.
Il décollait son visage et si il se sentait vidé de ses forces, les jeux mesquins de son cousin resterait toujours une source d'énergie inépuisable. Même à l'article de la mort, il aurait toujours à y redire.
Enfin la mort, la mort, c'était vite dit. Un Lanyshtas crève pas si facilement.
Et puis là, on avait pas cherché à le tuer.

C'était quoi l'histoire déjà?
Il marchait, rue des Tanneurs, personne en vis à vis.
La planque de Jamal était pas loin et il espérait ne pas tomber sur lui.
Ah...oui, Boule a déboulé. Au bout de la rue.
Cela faisait des heures qu'il l'avait lourdé, mais le gorille ne lâchait pas l'affaire.
Là, tout devint confus. En voulant feinter par la ruelle du Charbon bleu, il a senti qu'on le poussait.
Et Paf.

Enfin plutot : Pronf!
Rideau.


La porte -il y en avait une apparemment- s'ouvrit.
Une silhouette épaisse et lourde, à en juger le pas, vint se caler à l'entrée.
Un râle bovin fut émis, ne laissant aucun doute sur l'identité du type.


***
Le visage que tu ne voudrais jamais voir à ton réveil : Boule.
***


Comme on soulève un sac, le bonhomme attrapa Mizar par le dos et le mit sur ses jambes molles.
Puis continua de le trainer en dehors de la pièce. Un couloir, une autre porte.
Apparemment pour la Boule, du sable ou de l'air, ça pesait pareil.
La délicatesse faisait pas partie du forfait.

Bref, une nouvelle pièce. Plus grande. Plus lumineuse.
Les yeux grisés de Mizar accueillirent l'effet avec joie, même si il n'y voyait pas beaucoup plus.
Disons que ça sentait plus seulement le merdier.
Mais aussi la transpiration de plusieurs couillons.
L'endroit lui était familier. P'tet les odeurs justement.
Ça puait les Cô-toyeurs ici.
Il aurait volontiers parié que Falin se trouvait là.

Un type se tourna depuis son siège.
Et sur un ton faussement surpris et plein d'emphase, il lança.


Ah! Ben le voilà, votre type louche!
...qu'est ce que tu ferais sans moi?!


***

Valsandre, ou le retour des Cendres
***


Génial! Une réunion de famille...


***
Dans l'Entrelac, vous reconnaîtrez son empreinte entre toutes. La sensation de passer la main sur une peau rêche. Un léger amusement qui ne sera pas le votre. Une grande lueur puis...l'image: une pupille brûlée.

L'Aveugle
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Mizar
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Luang 8 Agur 816 à 19h38
 
Pari gagné.
C'était bien les locaux des comiteux de la Cotoyance.
Peu importe, son cousin jouait sa partition préférée : celle du sauveur venu du ciel.


Alors comme ça, ces messieurs m'ont dit que tu "farfouillais".
Tu me connais! Je leur ai dit que non, que tu étais un type réglo, que jamais t'irais mettre des mains dans des affaires qui t'appartiennent pas. En plus aveugle, j'ai failli me disputer pour toi, tu m'entends! Parler de toi comme ça, alors que t'as plus les yeux en face des trous, c'était pas digne, tu comprends?


Quelle raclure! Valsandre déclamait son texte comme dans une comédie de Chambre.
Avec le public qui attendait la chute, pour rire un bon coup, tellement on le voyait venir de loin.
De la pâtisserie sans saveur, sans mettre ni gant, ni cerise.


Et qu'est ce qu'ils me disent? mon ami, que dis-je!, mon ancien frère d'arme, Falin, confirme t'avoir vu au dépôt.
Un autre dit que t'es passé à la maison des Registres et un autre encore que tu trainais autour de la baraque des Jumeaux. Alors pour les deux derniers, je dis pas. Mais Falin! Falin. C'est comme ma chair!

D'ailleurs toi aussi, c'était ton fidèle camarade, hein?


On pouvait difficilement mesurer à quel point le cousin jouait au fumier.
Non content de faire sa scène, inutile qui plus est, il y rajoutait de la crème, et encore de la crème.
Et il tapait là où ça faisait mal. Même Falin se renfrognait sur sa chaise, étant donné qu'il venait d'être balancé sans sommation. Valsandre devait y trouver un certain plaisir à mettre un malaise entre le Co-toyeur et Mizar.

D'ailleurs, Falin intervint. Il connaissait cette danse là.
Pas d'humeur à la subir, il fallait y couper court.


C'est bon! Prends le et partez!

Toujours dans son rôle, Valsandre se contenta du dernier mot.
Avec cette façon minable qu'il avait de faussement paternaliser Mizar, comme pour le faire passer pour un enfant. De quarante balais. Odieux et sans vergogne.
Le sauveur se donnait tous les droits.


Ok, ok, puisque vous insistez.
Je lui expliquerai tout à la maison, pour éviter ces désagréments.

Je vous en dois une ce coup là, les gars!
A la revoyure!


Avec un clin d’œil à l'assistance. Et un signe à Boule vers la sortie.
Mizar marchait péniblement, mais sa cervelle s'était suffisamment remise en marche pour sentir que quelque chose sonnait faux. Au delà des tirades de son cousin. La situation ne collait pas. Et que foutait Falin avec ces Vigilants?!
Il aurait temps d'y penser.
***

***

Sur le palier, il s'écarta du bras de Boule. Lequel libéra son étreinte sur un nouveau signe de Valsandre.
Ce dernier lui tendit un objet cher : sa canne. Mizar l'attrapa sans attendre, sans dire merci.
Il faisait jour dehors et c'était un de ces jours où ses yeux y voyaient un peu : formes, ombres, dans un mélange de couleurs ternes. Et il devança les deux autres.


Où tu vas?!

Lança le cousin.

Au Rigsor. C'est pas là que tu comptais me mener?!

Réponse rageuse de l'Aveugle qui continua sur sa lancée sans se retourner, sans non plus perdre son flegme.
Cela éviterait d'avoir à fausser compagnie à Boule pour une fois.



***
Dans l'Entrelac, vous reconnaîtrez son empreinte entre toutes. La sensation de passer la main sur une peau rêche. Un léger amusement qui ne sera pas le votre. Une grande lueur puis...l'image: une pupille brûlée.

L'Aveugle
***
 
Mizar
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Matal 9 Agur 816 à 00h40
 
***

Lieu de naissance du Théâtre d'abyme : le Rigsor
***


Retour à la "maison".
Dans la Grand-Salle.
Le propriétaire pavanait.
Il allait réclamer des remerciements, pour clôturer l'affaire.
Tout en se dirigeant vers la table centrale qu'il avait coutume d'utiliser comme de table à manger.


...heureusement que je t'ai envoyé la Boule!
Tu vas finir par bien l'aimer, j'en suis sûr.

C'est qu'ils avaient l'air très fâchés les Cotoyeux.
Mais rassures toi, tu ne me dois rien ce coup-ci.
Toi qui aime à donner des leçons, j'espère que tu retiendras celle-ci.


L'Aveugle l'aurait volontiers étranglé.
De la part du type qui était en train de faire la leçon, c'était un peu un comble.
Il le laissa s'assoir, et resta là à fixer sa silhouette désinvolte.
Ce silence, ils le connaissaient assez bien tous les deux. L'annonce d'une joute musclée.
Et comme deux gladiateurs très expérimentés, ils jaugeaient la force qu'il fallait y mettre.
Ce laps de temps permettait de relativiser.
Sauf si la coupe était pleine.
Là il fallait jongler habilement.

Valsandre poussa dédaigneusement les couverts sales du précédent déjeuner.
Et attendit que son cousin prenne l'initiative.


A quoi tu joues?

Finit par dire Mizar.
Question rhétorique qui brisait le monologue précédent.
Le jeu du père et du fils, celui que Valsandre employait dans son commerce. Une facette parmi d'autres, mais surtout un mascarade de domination qu'il réservait aux "autres". Et de mémoire de cousin, il n'avait jamais poussé le bouchon si loin. Qu'il osa seulement la méthode sur Mizar était une preuve.
Une preuve que quelque chose ne tournait pas rond.

Mais l'autre ne jouait jamais par hasard.
Oh ça non, il avait son idée derrière la tête, le bougre.


Et toi? à quoi tu joues?

Cela sonnait comme un renvoi de balle, mais ça n'en était pas un. Du moins pas seulement sur la forme.
Valsandre avait d'ailleurs cédé son petit air enjoué et méprisant pour afficher un visage plus sévère.
D'ailleurs, il enchaîna.


Tournons pas autour du pot : t'es reparti dans ta croisade, c'est ça?
Rendre justice et tout le tintouin. Et si il faut aller déranger quelques chaumières, réveiller des vieilles blessures, emmerder les victimes, faucher des babioles dans les registres comitaires, et remuer le merdier, tanpis, c'est ça?

Ca fait 3 ans, cousin!
T'aurais du tourner la page. Là tu te fais du mal pour rien.
Tu obtiendras jamais vengeance.


L'Aveugle tournait autour de la table, laissant sa main frôler la nappe.
Il parut voler un instant la nonchalance de l'autre.


Vengeance. Tu n'y es pas.
Toi par contre, tu as pas attendu pour renier tes belles paroles.
Faut dire, qu'as tu perdu dans cette affaire? Quelques amis, de la réputation?


Dis comme cela, nous n'étions pas très loin du "Qu'est ce que tu y as gagné?".
D'ailleurs, le blond cousin fronça des sourcils et rétorqua, sur un ton annonçant la livraison de ses plus bonnes intentions.


J'y ai peut être pas perdu autant que toi, parce que j'ai su m'arrêter à temps.
Je t'avais dit de pas aller à l'Atelier ce soir là. Mais comme toujours, tu n'en as fait qu'à ta tête.

J'ai pas ces morts sur la conscience, moi.
Alors arrêtes l'interrogatoire. J'ai pas pu remonter la piste. Combien de fois il faut que je te le dise?
Le poisson était soit trop gros, soit envolé dans la nature.


Pendant sa réplique, l'Aveugle s'était approché doucement et placé derrière lui.
D'un geste tranquille et sûr, il venait de lui placer un objet métallique sous la gorge, dont les dents embrassaient toute la peau du bellâtre. Sur la table, il manquait un couteau.
Le sourire mauvais de Mizar ne laissait aucun doute sur son envie de raser de près son cousin.
***

***

Il ne le tuerait pas.
Comme une convention entendue entre ces deux là.
Convention toujours valide.
Probablement.


Vas-y, dis moi que tu m'as pas balancé aux Co-toyeurs.

Ce ton si anodin fut ponctué par un contact plus prononcé du couteau.
A ce jeu étrange, Valsandre paraissait habitué.
Et la réponse ne surprit pas Mizar.


Non, je t'ai pas balancé.

Sérieusement, tu craques, cousin.
Depuis ton retour, t'es vraiment bizarre. C'est pas moi qui vais réfréner des accès de folies. Mais là...
T'as plus tes yeux, mais pourtant tu fais comme si tu les avais toujours.
D'ailleurs, je me demande si tu te paies pas ma tête avec ça.

Mais avant que je te ramasse dans un caniveau, lâches l'affaire.


On ne savait plus qui menaçait qui.
En tout cas la remarque de cette cécité qui n'en avait pas l'air fit mouche.
Mizar mesura que par son comportement, il avait éveillé des soupçons sur sa seconde nature.
Rien qui conduise le cousin à des conclusions hâtives, mais la bizarrerie attiserait sa curiosité.

Il relâcha la pression du couteau.


Tu as raison, cousin.

Talons déjà tournés, le couvert voltigea sur la table.
Pour une fois Valsandre afficha un air surpris, tandis que Mizar était en train de lui voler sa sortie théâtrale.


Qu'on essaye de m'arrêter! Les intimidations suffiront pas.
Même laissé pour mort dans un égout, je continuerai.

Et j'ai maintenant la confirmation que tu ne m'aideras pas.
Mieux : je te libère de ta promesse.
D'ailleurs, je retournerai voir les Cô-toyeurs, mais sans toi, ce coup-ci.

Je suis déjà bien assez soulagé que tu t'occupes de ma dépouille, le moment venu.


Le tenancier du Rigsor éructa à ces paroles, s'étant levé comme pour empêcher l'autre de partir.
Il détestait qu'on lui file entre les mains.


Mais...tu vas te faire tuer idiot!

Et, tu me dois une pièce pour les Rêveries, je te rappelle!


Il perdait pas le Nord.
L'autre l'avait retrouvé.


T'inquiètes, je te l'écris ta pièce.
Moins je passe de temps à semer la Boule, plus vite j'en aurais terminé avec mon affaire.
Et donc la tienne ensuite.

Mes amitiés à Sierra!


Echec.
La partie était loin d'être terminée. Mais l'Aveugle avait réussi à faire sortir son cousin de sa posture facile.
Pas sûr que cela change grand chose quant à Boule. Valsandre était comme un cavalier sorti du rang et ayant perdu sa défense. Il serait moins aise pour lui de justifier ses actions d'éclats.

Tout cela laissait un arrière goût amer à Mizar.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, c'était la première fois qu'ils se quittaient ainsi.
La discussion avait creusé une faille, la simple évocation du Haut Verbe avait suffi à assombrir les positions.
A forcer la prise de distance. Une distance dont ils ne se leurraient pas la nouveauté.
Jamais elle n'avait été aussi grande. Au delà de leur petit jeu et de la joute, ils avaient démonstration l'un à l'autre que tous les moyens étaient bons. Que pour une fois, leur cousinage n'était pas un obstacle.

Oui, outre la petite perle de sang qu'essuya Valsandre sur sa chair, chacun gardait un arrière goût.
Celui du sable.




***
Dans l'Entrelac, vous reconnaîtrez son empreinte entre toutes. La sensation de passer la main sur une peau rêche. Un léger amusement qui ne sera pas le votre. Une grande lueur puis...l'image: une pupille brûlée.

L'Aveugle
***
 
Mizar
Comitaire actif
Kil'sin  
Le Matal 9 Agur 816 à 19h20
 
***

Chateau de Cartes ou Labyrinthe de Sable
***


Il aurait bien le temps de tout démêler.
Son intention n'était pas mue par une besoin irrépressible de conclure l'affaire. Il n'était plus à un an près.
Simplement dans le panorama de ses pérégrinations, son Cousin occuperait un autre rôle.
Clairement défini désormais.
Quel bonheur!

Sur la place autour de la fontaine couverte de lichen incrusté, Mizar héla en direction d'un gamin qui attendait là.
Un coursier à l'affût d'un client. Il récupéra quelques pièces et partit aussitôt la commande prise.
Très vite, il s'évanouit dans la grande Allée des Intarissables.
Sans plus attendre, l'Aveugle prit une contre-voie.
Quelques ruelles plus loin, une vieille bâtisse.
Le Comité des Amoureux Transis, une troupe d'artiste de la connaissance de Mizar, habitait les lieux.
Toujours en vadrouille, l'endroit servait à peine de point de rassemblement.

A l'étage, une pièce que l'Aveugle venait parfois squatter.
Il monta d'ailleurs, puis une fois dans la chambre, tâtonna de sa canne pour reconnaître le mobilier.
Peu de luminosité ici, même en faisant un effort, ses yeux distinguaient à peine des rebords plus ou moins sombres.
Toutefois, le "tac" de sa canne contre le bois, lui indiqua que tout était encore à sa place.
Il la posa alors et s'affala dans le lit.

Un mal de tronche terrible.
Le Cotoyeux n'avait pas fait semblant de taper.
Lanyshtas, Lanyshtas, c'est vite dit. Un coup ça reste un coup. Et ça fait mal!
En retrouvant la Verticale, son corps, comme libéré de tout contrôle, dévoila toute sa fatigue.
A nouveau transformé en sac de sable, mais pour le meilleur cette fois.
Un peu las de devoir lutter contre tous. Et surtout son cousin.
Être kil'sinite était si épuisant. Surtout quand tout fulminait.
Enfin...tout fulmine toujours au Kil'Sin.
Mais c'était différent.

La savante magie qui ordonnait habituellement le Chaos, semblait les quitter peu à peu.
En même temps qu'une vraie magie, plus violente, s'insinuait dans tous nos pans.
Ajoutant un désordre d'une nature nouvelle, auquel tous étaient aveugles.
Paradoxalement, Mizar "voyait" ce danger. Ces mutations du monde.
Le Sin était en danger. Les Krolannes aussi.
Presque secondaire devant les changements à venir.

Au milieu de tout cela, son affaire.
Il ne formulait pas encore sa suspicion, mais elle était bien là. Tapie dans l'inconscient.
C'était elle le vrai moteur de sa détermination.
Ni seulement sa conscience, ou son besoin de justice.
Mais le simple doute. Un doute quant au rôle de son Cousin dans les évènements.
Il devait savoir.

Qui avait commandité le coup du Haut Verbe?
Qui avait financé les Funambules? Et les avait décimé?

Dès qu'il serait sur pied, il réouvrirait les plaies. Les témoins, le dossier.
Les Co-toyeurs évidemment, mais la famille du Bonnetier, l'affaire Arka-Dalsier, les survivants de la troupe, Sierra.
Et puis surtout Jamal Sardan. Il n'y couperait pas.
Ce ne serait pas une partie de plaisir.

L'autre partie de son âme lui dictait aussi de poursuivre.
Comme si son éthique, son identité propre, était en jeu.
Sa seconde nature ne prendrait pas le pouvoir!
Si une évolution se faisait, elle se ferait à la manière kil'sinite! Car non, Mizar ne se reniait pas.
Il ne cèderait pas ses promesses et ses principes en un claquement de doigt.
Sous prétexte de quoi? D'un pouvoir magique? D'un destin Supérieur?
"J'emmerde le Destin" marmonna t-il, le dos de la main sur le front.
L'image d'Aléthée refit alors surface.

La porte s'ouvrit.
Là, la silhouette d'une jeune femme, au visage clair et bienveillant.
Bien qu'un peu irritée d'avoir été obligée de traverser la ville.
Il s'agissait de Léthine. Et elle le toisa depuis le seuil.
Puis se dirigea vers le bureau et fouilla les tiroirs.
Avant de s'assoir, après avoir trouvé un crayon et quelques feuillets, elle lança.


La prochaine fois, je t'envoie un de nos Sin'al.
Si tu veux que je t'aide, viens au moins au Puits.


Demander à Léthine de quitter l'Ecole du Puits, c'était un peu comme contre-nature.
Mizar ne pouvait rien redire à cette remarque, aussi il la laissa enchainer.


Mais j'imagine que tu as eu une fulgurance.
Toujours sur ton histoire des Visages de la Vérité? On avait déjà deux Actes.


Toujours allongé, comateux, l'Aveugle annonça.

Non, changement de plan.
Nouveau point de départ : un huit clos sur une partie de carte.
Trois sièges, Cinq joueurs.
Cette abyme là aura un goût tragique...


Où le Sable prendrait forme.


***
Dans l'Entrelac, vous reconnaîtrez son empreinte entre toutes. La sensation de passer la main sur une peau rêche. Un léger amusement qui ne sera pas le votre. Une grande lueur puis...l'image: une pupille brûlée.

L'Aveugle
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