vide fam
 
 

Page : 1

Cavalcade
Comme une histoire de cape et d'épée
 
Natisha Bel-Ami
Paria
Kil'sin  
Le Dhiwara 18 Saptawarar 816 à 17h58
 
Quelle nuit !
Pleine de rebondissements. D'imprévus. De cavalcades impromptues.
Et, pour le plaisir de la rime, disons simplement que Bel-Ami avait une petite clique de malfrats cinglés au cul…

...raison pour laquelle Natisha se retrouvait, comme on disait, en pleine course-poursuite.

**Ambiance**

Elle se faufila pas très élégamment à travers la fenêtre entrouverte d'un des bordels des Estaminets, et se laissa retomber lourdement sur le sol de la cuisine qui s'y trouvait. Une grande gaillarde, plutôt mignonne, en train de découper une sorte de crustacé luxueux que la roublarde n'avait pas le temps d'identifier, s'arrêta en plein mouvement. La bestiole cuirassée gigotait encore.

«  - Qui t'es, toi ? » La cuisinière pointa la lame suggestivement vers la cambrioleuse. «  - Fais gaffe ! On a des vigiles, ici ! C'est pas la première fois qu'on botte le cul à des parias dans ton genre ! »

Natisha s'était déjà relevée et ne prêta guère attention aux avertissements de la cuisinière, même si le surnom de paria fit grimacer la jeune femme sous son déguisement affriolant.
Oui, bon...sa couverture au sein d'un des gangs rivaux, mais mineurs, de la Main d'Argent avait nécessité une infiltration mémorable dans un comité déviant particulièrement épris d'animaux. La blague avait sans doute beaucoup fait marrer le fils et la mère Keran. Ça faisait deux semaines que Tisha faisait l'effeuilleuse dans un tripot fumé et dégueulasse des Dessous, dans des costumes colorés de lapins ou autres bêtes rigolotes.

« - Hey, toi ! Je t'ai dit de t'arrêter ! » gronda la cuisinière tandis qu'une créature avec une longue perruque brune et un déguisement bizarre lui filait sous le nez. «  - Faites quelque chose ! » rajouta-t-elle à l'adresse des vigiles du bordel. Derrière elle, la fenêtre explosa sous le poids et l'épaule d'un très grand type moustachu, au visage tatoué d'une couronne d'épines et au crâne chauve. Lui et les deux copains qui le suivaient ne perdirent pas de temps à poursuivre leur proie.

Natisha se promit de toucher deux mots de sa situation à son patron lorsqu'elle retournerait à la maison, peut-être en plusieurs morceaux et dans une petite boîte si elle ne montait pas plus vite ces escaliers. Les vigiles se rajoutèrent à la course, sous les vivats des clients qui voyaient là une excellente distraction. La prochaine fois qu'on lui demanderait de cambrioler la cargaison secrète de Tio discrètement et qu'une taupe la balancerait en même temps, ça allait chauffer. Enfin. On verrait. Il y en avait pour plusieurs mois de revenus dans les lingots de plantes qu'elle avait coincé dans son corsage rigolo imitation vache.

Haletante, la voleuse zizagua entre deux colonnes contre lesquelles se pressaient des couples étonnés, puis sous un plateau de victuailles, enfin roula sous une table, renversa le mobilier pour retarder ses assaillants, et se rendit compte que deux d'entre eux l'avaient pris à revers et fonçaient droit sur elle, leurs armes probablement empoisonnées au poing. Natisha maudit encore une fois son costume d'infiltration, pas très pratique pour se battre et encore moins pour se défendre, ainsi que sa fausse identité ridicule qui lui imposait le port d'un maquillage et d'une perruque très gênante, et jeta un regard paniqué à la ronde pour trouver une sortie de secours. Ses yeux bleus accrochèrent le reflet d'un lustre à chandeliers immense, presque à portée de bras du balcon sur lequel elle se trouvait…
Sa conscience se présenta alors rapidement à son esprit pour signer sa démission et rappeler qu'elle trouvait que c'était une très mauvaise idée.

«  - Que ce jour reste le jour où vous avez failli m'attraper », déclama Natisha en esquivant de justesse le tacle d'un des glabres tatoués. Elle monta sur la rambarde, calcula ses chances de survie, décida qu'il n'y en avait pas et que c'était ça qui était rigolo, et bondit de toute sa force, bras tendus, vers le grand lustre du bordel….

...sa main gauche à peine à quelques millimètres de la rambarde...et puis, d'un seul coup, tout son corps suspendu au luminaire qui se mit à balancer de gauche à droite en grinçant. Waouh ! ça avait marché ! Elle avait du mal à y croire.

«  - Oh oh ! »

La salle en contre-bas retentit d'applaudissements tandis que la cuisinière et son crustacé criait au voleur, que le trio de vauriens tendaient de choper les jambes de l'acrobate maladroite alors que le lustre tournait vers la gauche, et que les vigiles faisaient de même sur sa droite…

«  - Faites un saut périlleux !
- Non, non, il faut qu'elle courre sur la rambarde en équilibre… !
 » s'écriaient des spectateurs enthousiastes.

Natisha battait des jambes avec désespoir pour décerner quelques coups de genoux bien mérités, heureusement assez forts pour repousser ses poursuivants, bien qu'elle était à peu près sûre que l'un des vigiles avait déchiré son bas imitation serpent mort.
Comme sa conscience avait déjà abandonné la partie, elle se dit qu'elle ne perdait pas grand-chose à aggraver le balancement du lustre et, dans une demi-seconde d'illumination, prit de nouveau son élan…
Et atterrit en roulant-boulant, toujours pas morte mais presque, dans une chambre occupée après avoir défoncé la porte.
Le souffle coupé, Natisha se redressa difficilement, à peu près certaine que quelque chose avait dû se déboîter quelque part. Elle tituba jusqu'à la fenêtre qu'elle ouvrit, hébétée par l'impact.

«  - Désolée pour le dérangement... » fit-elle mollement et, sous les yeux du couple abasourdi, passa une jambe par-dessus la fenêtre et s'y suspendit.
La contrebandière jeta un œil en contrebas et estima les conséquences probables de sa chute. Ah, voilà : un petit auvent de marchand, un peu sur sa droite. Vive les Estaminets. Natisha se laissa tomber, espéra vivement qu'elle allait rebondir sur l'auvent, constata que non, et s'écrasa sur un étal de fruits et légumes qui explosèrent à son contact. Un étal de betteraves...

Ouaip. On ne pouvait pas gagner sur toute la ligne. En haut, un des glabres avait passé sa tête par la fenêtre.

«  - Elle est en bas ! » piailla-t-il. S'ensuivit, de ce qu'elle pouvait en juger, une échauffourée avec les dits vigiles du bordel.

C'était sa chance de prendre la poudre d'escampette et de profiter des quelques minutes que lui gagneraient l'altercation pour se changer quelque part. D'autant plus qu'avec le tapage qu'elle avait foutu, elle allait bien finir par attirer à ses trousses plus dangereux que le gang des chauves fans de petits animaux et des bûchers sauvages.
Désormais un peu plus boiteuse et cassée, mais toujours très motivée par sa course-poursuite, Natisha s'enfuit à l'aveuglette et pas très vite, gagnant dès qu'elle le pût de quoi escalader les toits pour semer ses poursuivants.

Au bout d'un moment, elle parvint à quitter la zone la plus turbulente, et rejoignit une zone plus calme des Estaminets – enfin, calme… Elle s'assura de ne pas être suivie et tenta de prendre un air naturel. Au rire goguenard de trois adolescentes de passage, et après qu'un gosse lui ait donné une piécette d'un air entendu, elle répondit par un regard poudroyant, ce qui n'eût aucun effet. Voilà qu'elle passait pour un clown, maintenant... Si elle voulait aller plus loin, elle allait devoir se débarrasser de ces atours ridicules et de sa grosse perruque encombrante.
Elle se glissa dans l'arrière-cour d'une bâtisse qui devait être une habitation, vérifia qu'il n'y avait pas de lumières apparentes, et crocheta le loquet d'une fenêtre pour pénétrer discrètement à l'intérieur de l'endroit.
Aussi discrètement que lui permettait son allure de débile écharpée et échappée du comité psychiatrique, en tout cas. Grimaçant, Natisha veilla à laisser la fenêtre ouverte pour sortir rapidement au cas où, et s'aventura dans la baraque obscure.

Page : 1

Vous pouvez juste lire ce sujet...
Nombre de joueurs actifs :0(Inscrits : 191)
Infos légales Mot de passe perdu ?