La venelle aux oiseaux.
À l’ombre des lampadaires malades.
À une époque, il y avait ici des concours de chants.
De chants d’oiseaux.
Leurs propriétaires venaient faire chanter leur trésor.
On accrochait les cages aux lampadaires. Pendant des jours, ils chantaient.
Certains mouraient de fatigue. D’autres tombaient malades.
Beaucoup y ont perdu la voix. Et le plumage.
Avec le temps, ils ont gagné le droit de se taire.
Maintenant, le silence. La venelle ne chante plus.
Il n’y a que des échos morts de son passé.
Et un homme assis sur un vieux tabouret.
Il fume la pipe. À l’ombre des lampadaires malades.
Immobile. Attentif au vide. Il murmure un air disparu.
Un air qui autrefois a fait danser les gens de Kil’sin.
Cela l'apaise. Les souvenirs et la torpeur.
Une porte se ferme, usée et branlante.
Une nouvelle s'ouvre. Sur d'autres portes.
Sur d'autres esprits.
L'homme passe une main dans sa barbe.
Recrache la fumée en longues volutes paresseuses.
Son visage noyé par le vertige et l'obscurité.
Il sourit aux ténèbres familières.
Dans la venelle aux oiseaux.
À l'ombre des lampadaires malades.
Tordus par le poids des cages.
Et le poids des plumes.
|