Le rêve, la vision.
Une échappatoire. Son point de vue restait intéressant. L'ouverture télépathique comme un stade banal de l'évolution. Ce petit n'en avait probablement pas conscience, mais ses dires pourraient lui causer du tord face à certains auditoires. Peut-être pas au sein du Kil'sin, sa vision des choses était trop naïve pour évoquer aux médisants l'image d'un être s'élevant au dessus de la masse.

Il ne s'agissait pas d'un rêve.

Mon ton traduisait mon amusement pour la situation.

Les voix sont réelles. Ce sont des pensées. Ce que tu perçois, nous l'appelons le Tourbillon. Libre à toi d'y accorder un intérêt ou non. Certains y perçoivent une menace et s'en éloignent, s'accrochant autant que possible à leur passé. D'autres se livrent à corps perdu, épanchant leur états d'âmes, leurs sentiments. Enfin, il y a les indécis, qui survivent dans l'espoir que le temps leur donnera une réponse. Ce sont nos préférés ah ah !

Silence.
Ma voix résonna dans le crâne de l'enfant.

*Mais sois sûr d'une chose : tu n'es plus un Krolanne, petit Versa.*

 
Le multi-homme avait des pensées bien compliquées. Ce que ne partage toujours pas le jeune garçon. Mais ce n'est pas grave. Par contre, il est intéressé par le Tourbillon, et tout ce qui va avec. Intérêt qu'il va montrer. Mais avant, la réponse serait instantanée dans le crâne de Bienvenues. Si je suis toujours un garçon, pas de raison que je ne sois plus un Krolane. Et si la pensée pouvait, elle croiserait les bras sur son torse ! Et ouais !

Et puis, comme une pensée arrive rarement seule, il ajoute, sous le sceau du secret de l’indicible. Et toi ? Tu as choisi quoi ?

 
*Mâle, femelle, eunuque. Ça n'a pas d'importance. Ils te qualifieront de différent. Un jour. Sois y simplement préparé.*

Je le pensais réellement.
Depuis ma plus tendre enfance, j'avais fréquenté toute sortes de...créatures. Leur particularités étaient comme des nuances remarquables sur une toile. Ils formaient un tout.
Dans la pièce, le silence régnait toujours.
Je continuais de tirer à longue bouffées sur ma pipe. le garçon s'était arrêté de bailler. Peut-être était-ce encore trop tôt pour parvenir à mêler l'acte à la pensée projetée.

*Notre présence en ces lieux devrait t'éclairer sur la réponse. Et si ce sont des précisions que tu souhaite, il te faudra les déduire seul. Les options à notre disposition sont infinies. Tant...de possibilités...*

J'adressais un sourire à mon interlocuteur, dévoilant une dentition en parfait état malgré mon âge.
Mes yeux pétillaient.
La jeunesse. Ah...

 
Il a toujours été différent des autres. C'est un peu l'idée de la singularité, voir même, diront certains, l'individualité. Mais ses philosophies s'arrêtent ici. Et de sourire à son tour de toutes ses dents lui aussi.

Si tu crois que les gens ont attendu ça pour être méchant, tu es naïf ! Ouaip, c'est bien lui qui dit ceci. Tout en se remettant à son affaire, parce qu'à ce rythme-là, il n'est pas prêt d'avoir fini. Alors il frotte, astique, nettoie. Il se pose soudain une question : que penserait sa mère quand il allait lui dire qu'il peut faire des trucs trop géniaux maintenant ? Et puis, il réalise. Mais je vais plus avoir de travail moi !


Les bras lui tombent.

 
Du travail?
Ah oui, coursier. C'était là son principal intérêt. Ça et le ménage.
Piochant dans l'une des poches dérobées de mon costume, je récupérais un fond d'herbe que je fourrais dans le foyer de ma pipe. Les brins rougeoyèrent dans un crépitement quasi inaudible.
Ma voix vint rompre le silence qui s'était jusqu'ici établi.

Tu es coursier n'est-ce pas?
Un bel avenir, à supposer que tu sois capable d'étendre tes talents jusqu'à l'Extérieur. Nous aurions bien une affaire à y mener.

Mes maigres revenus de ces derniers temps ne me permettaient pas d'investir dans du matériel de qualité, surtout les matières premières, dont la qualité et la quantité conditionneraient la réussite de mes expériences.
Si ce petit cherchait du travail, j'avais de quoi lui en fournir. Enfin, il fallait en avoir une sacrée paire pour oser s'aventurer à l'Extérieur sans y être véritablement préparé.

 
Hey, tu m'as bien vu franchement ? La moue était boudeuse. Il n'était plus un petit, c'est sûr, mais de là à vouloir le prendre pour plus fort qu'il ne l'est, il y avait des limites. Aussi épais qu'un épis de blé, il ne risquait pas dans revenir. Aussi, il se permet de conclure, face à cette tentative d'assassinat par un :

Je travaille pour gagner ma vie, pas pour la perdre hein.

 
La jeune Krolanne entre dans la taverne et alla s'installer discrètement dans un coin sombre et à l'écart de la salle. Elle fait partie des personnes qui savent se rendre transparent : ne croisant aucun regard, passant derrière une autre personne passant devant, la démarche souple et fluide...

 
Oh ça oui, je l'avais bien vu.
Il était certes encore menu, mais ses gestes étaient vifs, du moins avec un balais en mains. Il manquait peut-être un peu de courage, beaucoup même... Enfin, c'était aussi l'une des conditions pour survivre à l'Extérieur, ne pas vouloir jouer au héros.

Je secouais la tête en signe de perplexité.

Que sais-tu de l'Extérieur pour en avoir si peur?

Probablement la même chose que moi avant ma première expédition. Un endroit sauvage, inhospitalier où se mêlaient créatures affamés et populations délaissées. Je m'étais toujours demandé quels genre de personnes accepteraient de vivre dans un pareil univers... Puis il y eut ce voyage. Je manquais de perdre la vie. Dans les premiers moments, le choc fut grand. Puis la curiosité l'emporta. Au delà du danger, d'immenses plaines à parcourir, loin du tumulte rassurante des Quartiers.

Par ailleurs petit, la vie sera désormais pour toi un concept plus complexe à éprouver. Nous parlons d'existence.
Le corps en lui même peut être blessé, brisé. Sans que l'on ne sache pourquoi, il renaîtra. Cela parait...improbable... C'est pourtant l'une des conséquences de l'éveil.

J'expirais bruyamment.

Sachant cela, la notion de danger, de perte de corps... Ça change tout non?

 
De la fierté dans les yeux. Avec des étoiles ! Plein ! Qui scintillent, pétillent, pastillent ! Oui, pastillent ! C'est que fourmillent ne m'était pas venu à l'esprit avant. Bref, le sujet de l'extérieur, il connait le gamin !

C'est pas un endroit pour les enfants ! Il y a plein de dangers, de créatures, de méchants ! Mon père il se bat tous les jours pour que l'intérieur reste sûr. Enfin moins pire que dehors ! Ça fait presque vingt ans qu'il y est !

Et ouais, mais trop la classe quoi ! Et même pas mort en plus. Par contre, le sujet sur la mort, alors là, pas convaincu...

Mouais, ba je reste sur la base : quand on meurt, c'est définitif. Au moins, c'est sûr comme façon de vivre.

 
Un raclement se fit entendre dans l'escalier.

Descendirent deux grosses caisses en bois, surmontées d'un chapeau. De fait, il y avait un krolanne derrière.

Ah, j'me disais bien que j'avais entendu du bruit, c'est toi Clown !

Il parla un peu moins fort.

Foutus télépathes, c'te manie de parler sans faire de bruit !

En passant, Sal' fit un clin d’œil au jeune coursier.

Le laisse pas t'embobiner sur l'Extérieur, moi non plus j'pense que mourir c'est pas une bonne idée.

Ahanant, il posa avec fracas les caisse sur une table en bois. Se retourna pour s'éponger le front, puis trébucha en voyant qu'une forme féminine se tenait debout dans un coin de la pièce.

Chapeau à la main, et sourire aux lèvres, il se fendit d'un beau salut.

Bienv'nue chez les fous, ma jolie ! Approche-toi un peu, il n'y a que nous ici, et dis nous donc ton nom, car moi les Voix dans la tête ça m'aide pas trop à m'faire une idée... Moi, c'est Salimân, mais on m'appelle Sal'

 
Lorsque Salimân l'aperçu, la jeune femme ne pu s'empêcher de tourner légèrement la tête, doucement, comme pour éviter de croiser le regard de l'homme. Elle était justement en train de s'assoir à une table isolée et ne pu éviter la rencontre. Rapidement, elle se rendit compte qu'en effet, dans cet endroit, on ne servait pas aux tables mais au comptoir.

La jeune femme, revêtue de sa longue cape sombre, se leva et s'approcha doucement du comptoir. Lorsqu'elle fut assez près, elle dit à voix basse et le visage baissée :

hum... je m'appelle Lamka...
cela se prononce LAME KA...
...
Possible d'voir une pinte de bière ?

En même temps qu'elle parlait, elle avait mis sa main dans sa poche histoire de vérifier qu'elle avait bien de quoi la payer.

 
Salimân replaça son chapeau d'un coup de poignet alambiqué.

Bien sûr, bien sûr. La bière arrive. Un type va nous l'apporter. Comme tu l' vois, cet établissement n'est plus utilisé depuis un moment. Nous le remettons au goût du jour.

Il hésita, avant d'ajouter. dans un sourire étiré.

Pour sûr, il semble bien plus éclairé depuis que t'y es rentrée. Asseyons-nous, tous ensemble, pour papoter, j'vais nous débarrasser de ça.

Il gerba les caisses qu'il venait de poser sur la table. Une se renversa presque, et une dizaine de petits coquillages colorés vinrent se disperser sur le parquet. Le chapeauté les balaya d'un coup de bottes.

 
Tout à coup, les lieux s'animèrent.
Dans un amas de sons fracassants, Salimân dévalait les escaliers chargés de grosses caisses. Dans le même temps, une jeune femme entra sans frapper, ni même adresser la moindre pensée aux occupants. Rustre la bougresse. Je les observais tout deux.
Le Chapeauté n'avait pas perdu son temps. La connaissait-il? A ses premiers mots, j'eux ma réponse.
Les deux corps s'approchèrent. Chuchotement inaudibles. Visiblement, elle souhaitait boire.

Je balayais la salle d'un bref coup d’œil. Nul fût, aucune victuailles. Savait-elle vraiment quel était cet endroit? S'agissait-il d'une simple krolanne égarée? D'une douceur que Salimân mettait à notre service, en guise de mise en bouche? Rester discret sur notre condition, avant d'en savoir plus sur l'identité de la grande femelle discrète.
Le bellâtre ne tarda pas à annoncer l'arrivée de boissons. Pour ma part, je me satisfaisais de mon herbe, l'alcool avait tendance à produire des effets...inattendus. J'aurais été bien mal avisé de dévoiler mes capacités de cendré devant une krolanne.

Le Compteur de voix débarrassa une table de bois grossièrement taillé et y apporta quatre chaises.
Je levais mon délicat fessier et m'avançais vers eux. Mes yeux se posèrent vers la femme.
Ma voix s'élevait comme un marmonnement non dissimulé, la mine perplexe.

Mhhh... Plutôt fine celle-là, ça nous changera de la Rose... Et puis, cet air tout triste...Enfin... Il parait que les discrètes font des folies lors du coucher...

Tel un masque posé sur mes traits, ma bouche s'anima en un sourire radieux. Je tendais ma main gantée vers la belle, mimant un baise main.

Enchanté, Dame de tristesse et de joie ! Votre venue pimente cette entrevue jusqu'alors masculine. Ah ! Nous nous oublions. Permettez de nous présenter...l'Arlequin ! Ou le Bariolé, comme il vous plaira ! Peut-être nous avez-vous déjà vu près des Puces? Nos tables de paris font fureur, il paraîtrait que l'usage non-modéré d'artifices explosifs en soit la raison ! De fabrication artisanale, insistons bien !

Je secouais la tête. Les grelots chantèrent.
Je me tournais vers Salimân.

Ah le Compteur, comment allez-vous cher camarade? Nous apprécions le travail ! Et quel bon élement avez-vous trouvé là ! Je pointais du doigt Çaï. Il ne manque pas de motivation celui-là ! Pensez-vous que je pourrais vous l'emprunter pour une représentation? Voir peut-être deux? Ils feraient un joli couple avec Mi-mains... Oh oui !

Le projet méritait d'être pensé. Même si j'avais mieux à faire pour le moment.
Amplifiant la comédie, je tapotais frénétiquement des mains.

Oh et... Que faisiez-vous là haut? Les lits sont déjà prêt? Une collation et on y va? Regard vers Lamka. Quoiqu'il en soit, vous avez le sens de l'accueil Sal' au Chapeau ! Ah ah ! Evidemment, nous apprécions la chair, à contempler. Les ébats en soi... oh, ils ne représentent pas grand intérêt. Ponctuellement et généralement, avant le souper. Mais, en bon invité, nous saurons honorez convenablement votre délicieuse euh... Comment doit-on l'appeler?

Pour un compteur, Salimân avait peut-être surestimé la capacité de la dame. Nous étions trois, ou deux et demi à voir comment le petit s'en sortirait. Il aurait au moins fallu autant de femelles. Toutefois, je ne souhaitais pas juger trop vite notre hôte. Après tout, peut-être que les autres étaient en retard.
Sacrée surprise au demeurant.

 
Et le rouge fut ! Le jeune de la bande est à la limite de manquer d'air. Autant, bon, leur petit jeu de Salimân était entreprenant, il en restait relativement courtois. Plus Bienvenues parlait, plus il osait ! Et chaque mot qu'il égrainait était au dessus des précédent. Et provoquait un nouveau tour du torchon dans les mains de l'enfant.

Quand le discours(toi) touche à sa fin, c'est pour se conclure sur un schlack ! Digne des meilleurs vestiaires sportifs. Il faut bien qu'il ait hérité quelque chose de sa mère le marmot ! L'offensive visait le cul du grelotant, avec ce cri de guerre mémorable : Mais ça va oui ?! qui résume à lui seul tout ce qui venait de choquer Çaï. Quand à savoir ce qui était la cause de cette mini fureure vengeresse... Puis à l'attention de la nouvelle, il se présente, avant touste represailles.

Moi c'est Çaï Varsa ! Si vous avez besoin d'envoyer un courier, c'est à moi qu'il faut penser !

 
La jeune Krolane écouta l'homme au chapeau et lorsqu'elle vit les petits coquillages se répandre sur le sol, son attention fut d'un seul coup totalement captée. La multitude des couleurs et leur aspect brillant titilla son esprit. C'était comme si elle redécouvrait un souvenir enfoui en elle depuis trop longtemps. Et si c'était là ce qu'elle avait cherché en vain toute la journée ? D'habitude très retenue, elle s'apprêtait à poser la question lorsqu'elle aperçu le curieux personnage aux allures de clown. Une étrange sensation la prit, se sentant menacée. L'endroit lui avait paru tranquille se transformait un peu trop à un endroit trop dangereux. Elle balbutia alors derrière quelques mots :

... je... oui, j'ai bien vu qu'il n'y avait pas foule. j'ai cru que c'était une taverne mais... peu importe d'ailleurs, je vais vous laisser... je vois que vous avez du travail...

La jeune femme hésita, jeta un dernier regard sur les coquillages que l'homme au chapeau venait de balayer nonchalamment d'un coup de bottes et tourna les talons. C'est alors qu'elle croisa le jeune garçon qui se planta devant elle. Il s'appelait Çaï et était donc coursier. Elle se baissa à son niveau en pliant ses longues jambes le regarda droit dans les yeux et lui dit :

Bonjour Çaï Varda... j'ai l'habitude d'apporter moi même mes messages mais si un jour je suis à la recherche d'un coursier, je penserais à toi, c'est promis.

C'est un sourire au lèvre que la krolane se dirigeait lentement mais surement vers la sortie

 
Coup de balais ! BIM ! Direct dans les fessiers !
Je ne pu retenir un hoquet de surprise. Me retournant, je contemple le gamin les yeux grands ouverts.

Pressé le Coquin ! Le Çaï se la joue preux chevalier au sein d'un pièce qu'il ne saurait maîtriser?! Endossons nos costumes brave guerrier au balais et échangeons fessées et sévices avant que le repas ne nous soit servit !

J'éclatais d'un rire démentiel.
La femme paraissait gênée. Pourquoi? N'étions-nous pas tous en train de jouer? Elle s'apprêtait à partir, aussi vite et discrètement qu'elle avait pu entrer.
L'espace d'un court instant, mon visage devint de marbre, blanc, comme toujours. Ma voix se teinta d'une nuance grave.

Oh, vous n'êtes pas celle que nous pensions.

Les divertissements attendraient. Ou n'arriveraient jamais. Pipe au bec, je pris place sur l'une des chaises vacantes. Je dévisageais ostensiblement Lamka.

Pardonnez-nous si nous vous avons...bousculé. Il serait pourtant dommage de nous quitter si tôt, tout autant que de rester sur une image aussi pétillante de nos êtres et par-êtres.

 
Elle dirigeait vers la sortie. Maudit Arlequin ! Il l'avait effrayée par ses jongleries de mots. Autant couper court à la fuite. Il fusa une pensée vers la krolanne.

Vous êtes au bon endroit, je crois. Restez donc, que nous ouvrions un peu nos horizons. Ici est bien un endroit de partage, où se retrouvent les moutons noirs. Vous perdriez à en partir. Et nous aussi, j'en suis sûr.

Puis, tout haut.

Allons, Clown, où sont tes manières ? C'est comme ça que t'attires ta clientèle ? Pas étonnant que tes couleurs se fanent à vue d’œil.

La brimade s'était accompagnée d'un sourire, et d'une main serrée sur l'épaule du jongleur. Il ne le connaissait pas plus qu'au premier jour, mais était bizarrement heureux de le revoir, en un seul morceau de surcroit

Et laisse donc l'enfant tranquille, il n'a même pas encore entendu la Voix. Ça sera pour cette nuit, m'est avis.

 
Visiblement, tout ce petit monde partage les mêmes capacités. Est-ce un élément rassembleur, je n'en suis pas certains, et le garçon non plus par extension. Mais au moins, les choses sont claires, et ils peuvent parler librement. Il faut dire que le jeune préfère ce genre d'activité, que l'échange de pensée. C'est tout nouveau, et il préfère ne pas trop s'y exercer, de peur de faire une bêtise.

En attendant, le sourire qu'il venait de recevoir lui fait chaud au coeur. Les sentiments sont contagieux ! Et histoire de mettre un peu d'ambiance, il saute du coq à l'âne.

Bon, du coup, qu'est-ce qu'on fait maintenant ?

Oui, parce que le temps filait, et le temps, c'est une maman qui s'inquiète !

 
Ce n'était pourtant pas le moment de flancher. Peut être était-ce un piège. Peut être allait elle revivre le même cauchemar. Mais il lui semblait que non. Que dans le cas présent, les personnes présentes étaient sincères quoique leurs esprits semblaient désirer d'autres choses que celles qu'elles allaient pouvoir recevoir. Dès lors, comment anticiper leurs réactions face aux déceptions inéluctables ?

La Krolane repensait aux coquillage... Elle saisit la poignée de la porte qui l'amenait à la sortie mais avant de la franchir, elle s'arrêta et se retourna puis dit d'une voix douce et lente :

... c'est juste que je ne veux pas déranger... le reste n'a que peu d'importance...

Elle laisse passer un moment, un long moment et comme elle comprend que cette hésitation est parfaitement ressentie par les autres personnes présentes, elle se sent obligée de continuer :

...et sinon, les coquillages... ils viennent d'où ?

 
Le Chapeauté était resté silencieux. C'est qu'on y prenait vite goût, à cette télépathie.
En guise de réplique, comme pour compléter le tableau dédramatisant qui se dressait à présent devant Lemka, il s'en prit à mes couleurs. Non mais vraiment?!
Je jetais un regard perplexe sur mon accoutrement. Les nuances s'alliaient à merveilles. Le tissu resplendissait au beau milieu de ce lieu lugubre, à nu. L'orangé, le rouge et le jaunes s'unissaient à dose finement étudiées. Mon corps était recouvert d'une toile de grand maître, en quelque sorte.

Compteur, vous n'avez décidément aucun goût. Mais nous vous pardonnons, car nous sommes bien bons !

Certes il n'avait pas tord sur ma clientèle.
L'expédition au Fortin avait permit à la concurrence de glaner sur mes habitués. Les fourbes, ils n'avaient donc aucun respect !
Une pensée émanant de Salimân vint chasser mes modestes tracas. Pas éveillé le gamin? Comment faisait-il pour capter et envoyer des pensées? Étrange. Le phénomène prenait donc naissance avant l'appel... J'étais sceptique.

*Cette nuit, le Sin connaîtra donc un nouveau lanyshta... Tout sera plus clair pour lui alors. Ou plus sombre.*

Çaï, en pensant de lui, paru subitement s'enjouer. Il paraissait excité comme une puce. Un adolescent, incapable de tenir en place.
Brièvement, je lançais un coup d’œil vers la femme. Des coquillages... Si ce n'était pas une putain, c'était quoi? Une cendrée elle aussi? Alors pourquoi n'avait-elle pas usé de la pensée, comme tout le monde?! Je restais sur mes gardes. Inutile d'en dire trop.
Je levais le menton vers Salimân.

C'est bien vrai, oh-dieu Chapeauté, que faisons-nous? Allons-nous manger? Boire? Ou simplement discuter des rumeurs courant dans les Estaminets?

Attente de confirmation.
En face à face, isolé, le risque était trop grand. La troisième vague n'était pas encore prête à faire face à un second Klem.