Les Chroniques de Harvain
Chapitre 2 : A l’hermine de cristal - introduction
Ecrit le Le Vayang 19 Dasawar 814.
[lien=https://www.youtube.com/watch?v=hBX6h9zR0MA]Ambiance[/lien]

Située dans un entrelacs de ruelles secondaires se situe le piano bar qui tire sa fierté de son establishment sélect et connaisseur. Préférant davantage une structure plus intime à certains grands restaurants, le propriétaire a misé ses deniers dans cette ancienne boiserie. Les essences rares qui ont transité par ces lieux laissent un souvenir discret et une odeur légèrement boisée qui rappelle certains parcs en été. Si le bois est à l’honneur, le côté rustique est par contre absent… Mais pour en découvrir davantage sur la décoration, encore faut-il rentrer…

Sélect mais pas élitiste, l’hermine de cristal plus communément nommée l’Hermine, ne ferme jamais ses portes à un nouveau venu pour peu qu’il fasse preuve d’un certain niveau vestimentaire et comportemental. Les deux « portiers » à l’accueil sont ce genre d’armoires à glace placides, deux forces tranquilles qui suffisent généralement à inciter un certain zèle dans l’application du code de conduite. En cas de raffut, l’un d’eux pourra vous soulever avec ménagement et vous envoyer sur le trottoir d’en face sans trop d’efforts. Mais toujours, il insistera sur le « si vous voulez bien m’excuser, je crains que le trottoir d’en face soit assez dur à l’impact ». L’un est Massetard et l’autre s’appelle Fortdubras. Personne n’a jamais voulu leur en demander davantage.

La salle principale se présente comme une pièce capable d’accueillir entre 20 et 30 personnes, là où dans d’autres « bars » vous pourriez être entassés à 50 ou 60. Les grands miroirs sur les murs rajoutent une impression d’espace bienvenue et semblent démultiplier les lustres au plafond. Le parquet en tek a été recouvert d’un cirage légèrement plus sombre et mat pour lui donner une teinte moins tape à l’œil. Les lourds fauteuils sont en cuir noir riveté de clous dorés mais ternis par la patine du temps. Assis, vous êtes légèrement penchés en arrière où vous pouvez vous laisser aller. Les tables basses de forme ronde sont revêtues de cuir noir cerclées par un liseré doré et surmontées par une plaque de verre poli. Sur chaque table trône une petite bougie flottante dans un bol en cristal. Le comptoir est en hêtre massif avec des incrustations d’ébène sur sa partie supérieure. Quelques éléments cuivrés et en zinc cerclent les arrêtes principales et le pourtour. Quelques sièges hauts sont également avancés juste devant. La partie supérieure du comptoir cache en son sein plusieurs rangées de bouteilles et de verrerie projetant de temps en temps quelques reflets irisés. A l’étage se trouvent quelques salons privés pouvant contenir entre 2 et 8 convives éclairés par des lustres discrets en cristal et les fenêtres donnant sur une petite rue calme. Enfin, l’élément principal, ce qui fait à lui seul la moitié du charme de l’Hermine, se compose d’une légère estrade circulaire accueillant un piano à queue ciré avec soin et vierge de toute poussière. La légende parle d’un ancien habitué qui, pour payer son ardoise, avait proposé ses services en tant qu’ancien professeur de piano au conservatoire. Personne ne sait s’il continue à jouer pour le plaisir retrouvé ou pour continuer à éponger ses dettes. Une fois par semaine, une chanteuse se joint au pianiste pour y apporter une touche vocale jazz.

Passons à la carte du bar. L’écriture est raffinée où sur chaque double page un alcool différent est présenté avec les cocktails proposés. A la fin de la carte, quelques assiettes, assortiments de thés et boissons non alcoolisées. Le tout est relié dans une couverture noire rigide griffée du symbole blanc de l’hermine avec des reflets dorés. La carte du restaurant n’est disponible que dans les salons à l’étage, la présentation reste identique, les plats sont classiques mais un soin particulier est apporté aux produits sélectionnés impitoyablement par un cuisinier dont la voix tonitruante et le langage de charretier ne sont arrêtés que par des cloisons étanches au bruit.

Un élément manque toutefois. Si vous m’avez bien suivi, vous aurez remarqué le vide. Entre l’entrée et la salle principale, c’est la réception. Ce hall octogonal vous accueille telle une galerie des glaces vous reflétant plus ou moins à l’infini, ou a minima, 8 fois. Un des miroirs mural se déplace pour faire apparaître une porte cachée ou un groom viendra vous débarrasser de vos affaires. Devant vous, la plupart des soirs, vous pourrez me trouver derrière mon comptoir. Immobile et raide mais cependant souriant, je vous saluerai et demanderai si c’est pour le bar ou le restaurant, si vous avez une réservation ou des souhaits particuliers. Je vous guiderai à votre place, prenant soin à chaque visite dans les pièces de surveiller les autres convives. Oh, par surveiller, ne vous méprenez pas, en tant que maître d’hôtel, il m’incombe d’anticiper, d’identifier et de résoudre les éventuels problèmes ou de faire signe aux serveurs de venir vous voir. Certains soirs, il se pourrait que je sois le chef de rang à servir quelques habitués ou à superviser les autres garçons.

Bienvenu à l’hermine de cristal.
<<
>>
Piano bar - tenue correcte exigée, animaux interdi