Chapitre 5 : A l'hermine de cristal - Oromonde |
Ecrit le Le Vayang 19 Dasawar 814.
La fin de la soirée arrive en douceur. Lady Olynn quitte la scène pour de bon après deux rappels. Quelques clients commencent à partir, au moins ont-ils été suffisamment polis pour ne pas partir pendant. Si ça ne tenait qu’à moi, je verrouillerai les portes de l’établissement pendant le récital. C’est comme quitter un repas en cours. J’en frissonnerai presque, quelle horreur ! Les bonnes manières se perdent tellement de nos jours.
J’encaisse le douze. La gestion des pourboires est chez nous mutualisée et je mets un point d’honneur à ce qu’ils soient répartis équitablement entre tous. Le rôle de chacun est tout aussi important et personne n’est irremplaçable, du plus petit commis de cuisine à moi-même, la même part pour chacun. Sauf parfois, certaines exceptions font jurisprudence et j’autorise unilatéralement des dérogations. Je laisserai le pourboire du douze à « La dernière » qui nous a évités souvent des problèmes. Quelques habitués continuent à rester après, savourant autant que moi les grands espaces vides.
Je suis à mon pupitre dans le hall d’entrée, je prends note des prochaines réservations pour le reste de la semaine. D’un tiroir, je sors un petit carnet noir sur lequel j’inscris les noms des personnes qui avaient réservées et qui ne sont pas venues. Ce manque d’éducation me dégoûte au plus haut point. Oh bien sûr, ils seront toujours aussi bien servis en venant ici et j’appliquerai le même zèle à répondre à leurs attentes. Mais je n’oublierai pas de les considérer comme il se doit.
Un commis vient me prévenir que notre livraison de menus vient d’arriver. Je hausse le sourcil droit, de surprise. Je sors ma montre gousset et l’ouvre d’une pression du pouce.
ê ïlaal âluél ?
Je la range et part en direction de la cuisine. Le « coup de feu » comme on dit en restauration, c’est-à-dire la période où les clients commandent en même temps, est fini. Les équipes s’activent pour ranger les plats, nettoyer les plans de travail, finir la plonge, nettoyer les cuivres et grignoter les restes. Je traverse la pièce, seul élément « noir » au milieu de tous ces « blancs ». Je m’arrête avant vers le chef avec qui je m’entretiens quelques minutes. Toujours le même celui-là, il veut faire plus grand, plus beau, plus raffiné. Sauf que lui, il ne pense pas au prix que nous allons proposer ça et que les clients qui peuvent se payer ses plats, ça ne pousse pas dans les arbres. Je botte en touche, ça sera au directeur de trancher. Je ne suis qu’un employé comme les autres. Je le remercie et continue à avancer jusqu’au fond de la cuisine.
Hum, eh bien. Cette jeune fille doit faire ma taille. Vêtements propres mais usés, aucune mise en valeur, plutôt maigre de visage, pas de bijoux apparents, coupe de cheveux anarchique. Les mains ne sont pas calleuses à première vue donc peu de travaux manuels lourds. Baisse les yeux, a peur des autres. Je la classe immédiatement dans la catégorie « pauvre mais avec une estime de soi ». J’observe.
Cîvàîwn âlyôâîwàôttô…
Je baisse les yeux sur le sac.
ùs èvpù èvpheç rsek ëe ùpsèle.
Je traverse en sens inverse la cuisine, je prends mon temps. J’ouvre une porte donnant sur un couloir de service étroit. Après quelques mètres, nous bifurquons à droite pour déboucher sur ce qui est une salle pour le personnel avec les casiers, une grande table centrale et quelques serveurs qui se prélassent. Une autre porte ouverte donne sur un tout petit bureau sans fenêtre où peuvent tenir trois personnes au plus. Un vieux meuble secrétaire adossé à un mur, une chaise pliante devant, un tabouret dans un coin et une petite armoire pleine à craquer. Je laisse la coursière entrer en premier puis rentre à mon tour. Je laisse la porte ouverte à mon accoutumée et appuie sur l’interrupteur.
Elle reste droite comme un i. Je désigne le tabouret.
Lc jêçô ch uîéc, oôôcvck-jêçô.
Je m’attable devant le secrétaire et déplie le panneau de travail. D’une poche intérieure, je sors une fine paire de lunettes avec les verres en demi-lune. Je les pose sur le bout du nez et tends la main.
*** ***
Oromonde salue le majordome et prend naturellement sa suite. Comme elle est quasiment aussi grande que lui et qu’elle a les jambes longues et la démarche rapide, cela lui demande un peu de concentration pour éviter de lui rentrer dedans, ce qui n’est pas sans faire sourire les serveurs qui se détendent dans la salle près du bureau du contremaître de l’établissement.
La salle est austère, ascétique. Sans se présenter, le quinquagénaire lui désigne le tablier et prépare avec une efficacité qui relevait de l’habitude une petite trousse de travail d’où il sort une paire de binocles qu’Oromonde lui envie quasiment instantanément.
Elle se refuse néanmoins à s’installer sur le petit tabouret. De son expérience, elle sait très bien être trop sèche et trop grande pour être vraiment à l’aise sur ce type de meuble, et un brin trop maladroite aussi pour ne pas ressembler à un pingouin mal à l’aise. Qui plus est, aussi austère que soit la petit pièce, l’établissement reste un domaine de luxe : qu’on l’y reçoive en lui proposant un modeste tabouret de bois dur frise l’insulte, ou en tout cas établit clairement la hiérarchie locale.
« - Mp tcàuêcp cphbpc apâèeb, ipcqë âpjeqèet. »
Elle fait coulisser la lanière du lourd sac de cuir qu’elle porte sur son épaule et le pose sur le tabouret en question. Avec sa prudence habituelle, elle en fait émerger un dossier relié avec soi qui contient cinq exemplaires différents de la même carte, disponible avec quelques subtiles différences à chaque fois.
Elle continue de sa voix ronde et chaude, aussi douce que ses gestes sont pointus :
« - Cn kn ïn öoeö éâö éaYönkqYn. Cn ï’âéénççn Zazïzkxn. Cn öoeö okn xnö YçSpnö xn ïâTqan çe Uok, gon pzoö âpnî rzkqârqY éçoö qFq xâkö çâ önïâekn. ïzk ïâTqan ö’nêroön xn kn éâö âpzea éo pnkea çoe-ïJïn ; eç â nk nmmnq no inâorzoé xn qaâpâeç, nq ï’â ràâavY xn pnkea pzoö pzea âo éçoö qFq ézoa pzoö éaYönkqna özk qaâpâeç. »
Elle tend le livre de présentation au majordome et le laisse examiner le travail, explicitant volontiers de ci et de là ce qu’il y a à savoir sur le travail en question.
« …Vmv, é’véésàojùovfô qào péùmKq pésà qô èùjaq, ùyvô öq éùvààqj sô ùévôKù pésà mfôàKisqôo isv èqo pésà qô dùéqsj éqà ovojqà öqà yfjèséqà…
…é’qômjq qào oqvôoKq ö’ùzsjvôq…
…éù jqévsjq qào qô msvj, éq pùjmâqèvô mToK yéqsj h qào pésà ajùôséK, éù mfôoqçosjq qào sô pqs pùjovmsévêjq, fjvavôùéq…
…öqà dqùsç ojêà rqsôqà fôo KoK sovévàKà pfsj mfôyqmovfôôqj mq dKévô ojêà psj, ë öqèv-ojùôàpùjqôo mfèèq dfsà pfsdqz éq dfvj, ojêà mâqj, ùsààv, mùj ôfïéq qo pjqàovavqsç…övyyvmvéq ë yùïjvisqj qô isùôovoK…
…éë, fô ù sovévàK ös pùpvqj öKyvïjK ë pùjovj öq mâùôdjq…m’qào sô pqs pésà mfèèsô, pésà pjùovisq ùsààv, qo Kdvöqèèqôo èfvôà mfûoqsç…fô é’ù pùààK öùôà sô pjqààq qômfééqsàq pfsj ésv öfôôqj ofsoqyfvà sô pqs öq mùjùmoêjq…
…éù mùjoq öqà ïfvààfôà qào sô pqs pésà yùôoùvàvàoq, yfjmKèqôo…
Dfvéë. Psvà-rq dfsà ùvöqj ë jKpfôöjq ë ö’ùsojqà isqàovfôà ? »
Finalement, ce n’était pas si déplaisant que ça de discuter un peu avec quelqu’un sur son travail…par contre, son mal de crâne reprenait et elle se sentait perdre contrôle sur le capharnaüm de pensées entrelacées qui dévoraient son esprit, et dont toutes n'étaient pas les siennes. Elle grimaça brièvement et porta la main à la tempe.
*** ***
J’écoute, attentif, l’exposé de cette jeune femme. Je ne savais pas que le vieux Yun avait pris une apprentie. Oh ma mémoire doit me jouer des tours. Encore. J’aime bien le grain du papier, comme si chaque feuille avait une histoire différente. Et pour le coup, entre un papier raffiné et un jeune veau, oui l’histoire n’est pas la même… J’ai une petite préférence pour le papier, plus malléable, plus adaptable, moins noble malheureusement oui.
J’essaye de me mettre dans la peau d’un client, dans la même situation. J’arrive de la rue, il fait froid, je m’installe, on me tend un menu. Comment j’aimerai qu’il soit. Ce n’est pas un menu pour manger ou boire, c’est l’itinéraire de ma soirée, en trois étapes. Une entrée. Un plat. Un dessert. J’ai envie que cet itinéraire, cette carte m’amène à la bonne destination et de la bonne façon. J’ai envie d’avoir une sensation unique, que je n’ai jamais rencontrée et que je ne rencontrerai plus jamais. Même si je reviens le lendemain. La couverture doit être en cuir forcément mais le papier, c’est plus délicat…
« Un vert appelé éméraldine, un bleu azurine, et le noir intense d’aniline, ne se sont développés que sur les fibres végétales »…où ai-je entendu cette phrase ? Oh ça fait si longtemps. Ma pauvre tête, mais ils en font un raffut ces lanyshstas ! Ne peuvent-ils pas se taire, quels sans-gênes ma parole. Allez concentrons-nous.
De très belles pièces assurément mademoiselle. Veuillez transmettre une nouvelle fois mes plus belles félicitations à votre maître pour l’exceptionnelle qualité de son travail. L’hermine de cristal continuera à lui assurer l’exclusivité de ses fournitures en ce domaine.
Je saisis les feuilles que je tends devant la lampe pour voir la transparence.
ëqêsu xyBêsu uàê êqrcqrsà ïu hvuaëuar âyaà aqêsu xqâuàêu Eêyhïvààuxuaê. Aqrà yëqaà suùr ra aqrëuï yààqsêvxuaê âu êjEà drv, cu ï’uàlîsu, àyrsy àyêvàtyvsu àqa lyïyvà uévnuyaê.
Je réfléchis.
Srw…
és gs wböèbö, qùs çspösmbsà-ujùö w’èéjùxsm ùp ybtbcmèps èùz çècsö ? öùm wù çèçbsm vbsp spxspwù. çsùx-ôxms gsxxms… « t’nsmgbps ws hmböxèt » ? Nùg…pjp pjp, ê qùjb vjp t’Dhmbms çùböqù’jp ts öèbx. Jù ètjmö ts öagvjts ws pjxms Dxèvtböösgspx ? Sp hspxmèt cmèpws xèbtts jù wèpö ùp hjbp çtùö çsxbx ?
çjùm tè xaçjcmèçnbs, é’èbgs vbsp hs gjwFts-hb. Htèööbqùs, öjvms, DtDcèpx, yjmgst.
Je jette un œil à la carte des boissons. Deux secondes pas plus.
àuwh vmbàmôyôyàa hmu zwbàua cmsacwôyaîîa. Bwpy ba ywccay hmy smby pb zmlmuaà wp mp ùuôclwuù ùuôîîQ. îm zîôabàFîa npô zwccmbsa bwy zwzxàmôîy wp zauàmôbay lwôyywby ï 15 ùumôbay îa dauua ba ywprmôàaum huwlmlîacabà hmy sa… « vmbàmôyôa ».
Je réfléchis.
Kïm ïrê çîcéïê, jê ôscpë, rcïë ylpcrë mêrmç ïrê ôysmê têë qcpëëcrë ylêô ïr mfîê tê îyîpês tpkkçsêrm îys yùôccù, ïrê îcùpôê tpkkçsêrmê, ïrê ôyëëê tpkkçsêrmê…çôxêô. Rcïë ëcïxypmcrë têîïpë hystês ïr ëcôùê ôcbbïr, tpëôsêm bypë sêôcrrypëëyqùê. Bypë jê sêëmê mcïjcïsë A ùy sêôxêsôxê t’ïr jê-rê-ëypë-éïcp éïp îcïssypm tpëmprhïês rcë yùôccùë, rcë îsêëmympcrë… îêïm-Omsê ïrê ôcïùêïs tpkkçsêrmê.
Je lève la tête et retire mes lunettes. Je sais que je suis pénible mais de là à donner une migraine. Ah ces jeunes, probablement à boire et à manger n’importe quoi. Voilà le résultat.
*** ***
« Bà çànèzq tszê, vzàç nûî », approuva la krolanne avec un sourire timide, aiguisé nerveusement par la migraine douloureuse qui sourdait de son crâne. Que de raffut, que de chaos… : que de choses qu’Oromonde ne saisissait qu’à peine !
Avec effort, elle se concentra sur la discussion en court et jeta un coup d’œil sur les exemplaires qu’a préféré le majordome.
« êë bt ïwëê nkwê îkddtm wd gkdêtëf, jkdêëtwm, gkdgtmdàdq ft iëfëxmàdt : ùnëqkdê fà îëêïkêëqëkd gtdqmàft, tfft têq wd ïtw nwfxàëmt ïkwm ùqàofëêêtjtdq. êë bt gkjïmtdîê oëtd nkê tlëxtdgtê, ëf nkwê iàwq âwtfâwt gskêt ît ïfwê êwoqëf… » Ici, elle s’arrêta pour réfléchir, et saisit la liasse élue entre toutes entre ses doigts papillonnants. Elle avait plus l’habitude de manipuler ce qui faisait la matière des livres que les œuvres elles-mêmes, et avait développé avec le temps un certain attachement aux différentes sensations qu’appelaient un bon travail de papier : le crissement du grain ou son froissement soupiré, l’odeur, bien sûr, l’odeur devait être spéciale, et la rugosité sous la pulpe des doigts…on parlait de peaux et de corps, ici. Certes, elle n’était pas Li Yun, dont la folie excentrique et exigeante et le talent faisait légende dans son quartier ; mais cela faisait quelques temps qu’elle vivait sous sa stricte garde, et le vieux renard lui avait enseigné deux ou trois trucs quant à ce qui concerne le ventre ronronnant des presses et l’énigme sans visage de tout ce qu’on lit entre les mains.
« …fsm hméhbçm qbrbwhjsYm ms njfâ öm éjwm, érfâCâ, G fs ïmsâbvEâhm ubswâ-çméâ öm rj vjhwm…ïzrzhbç özhY. Fsm vbsbjâfhm öf rzwz jumï rmç rmââhmç msâhmïhzbçYmç…îbms msâmsöf, ïmrj jfwvmsâmhjbâ rm âjhbq, jumï fsm hYöfïâbzs öm whzfém…ézfh rj ïjhâm ömç îzbççzsç, am sm çjbç éjç, àfmràfm ïnzçm ö’fs émf çfhéhmsjsâ mâ qzhvmr…am émsçjbç… » Elle hésita. Si Li Yun était là, il lui aurait sans doute d’ores et déjà tapé du doigt avec son impitoyable règle de bois ! Et aurait dit quelque chose comme ‘Je ne te paie pas pour penser, Oromonde, mais pour faire…le krolanne n’est que krolanne faber, être de main, sache-le maintenant et toujours !’ Li Yun arborait les grands discours et ne supportait guère la parole là où le geste pouvait agir…Mais Li Yun était un génie, ce que n’était pas la toute nouvelle Lanyshta. Elle poursuivit timidement : « …oêgh rêgeeuêoh îuhrêhwe î’go ïfeowv ewèuë règh hêgrèw, îfoh èw öAöw ïêîw vbrêçefrxukgw wv îëïèuofuhêo îw ïêgèwgeh, öfuh îw îuöwohuêoh îuààëewovwh, fjwï go xuhvêeukgw rwgv-Avew hge è’ëvfqèuhhwöwov, wv, xöö, fg èuwg î’go àuèuçefow, b rèfïwe gow xweöuow wo êeuçföu hge èf ïêgjwevgew : ïw o’whv rfh hu îuààuïuèw ù àfuew, ïwèf îwöfoîw âghvw go vefuvwöwov öfogwè rwehêoowè, âw rwgd vêgv ù àfuv ö’wo ïxfeçwe…vefjfuèèwe hge gow îuààëewoïw îw ewèuwà règvCv îw kgw vwdvgew êg îw öuhw wo àêeöw…îwh woègöuogewh, rwgv-Avew. »
Elle croisa les doigts et laissa sa voix mourir, pas très sûre de ce qu’elle venait d’avancer. Li Yun n’aurait pas du tout argumenté les choses comme ça !
*** ***
Je hoche la tête devant les propositions. Mes modestes connaissances arrivent vite à leur limite. Hâtivement, je sors une feuille et une plume pour prendre quelques notes. J’écoute, sérieux, la jeune apprentie. Je griffonne quelques idées supplémentaires et pense-bêtes. Une fois fini, je relève la tête.
Ikf rharafîàîaqf â’aqà v’mîh àaöà U nmîà omqf vk àaq ok ik ùök qaöf iêkhiêaqf âmokâaîfkvvk.
Je me tourne vers le meuble et farfouille dans un tiroir pour en extraire une liasse de papiers. Il s’agit des pages du menu actuel annotées d'une myriade de commentaires écrits par plusieurs personnes. Quelques ratures, des ronds de café sur un coin, des dessins incompréhensibles, des encadrés… Un vrai document de travail où au moins deux acharnés ont dû passer des heures du jour et de la nuit dessus.
Cjövö sq gqbd èq sâ péjvkâöbq nâönjb âöbnö odq sqn bjdcqssqn xjönnjbn péjpjnWqn pjdé cjn péqnnqn.
Je farfouille dans un autre tiroir pour en sortir une petite boite rectangulaire. Je rechausse mes lunettes sur le bout du nez et commence à compter.
Iùkak aknréenêï cmeknïw aùââï eaùâôêï, Ge n’e ôew axencU öï wéôôùwï ? Sï wùsyï ç se skimekwùn.
Je tends la bourse garnie à l’apprentie sans être conscient de la somme que ça peut représenter. Je jette un œil à ma montre gousset. Ah c’est l’heure.
Yêëçcyw-rpe.
Je me lève en tirant la grimace. Mon dos… ïùôçïùfvep, Xprv lèekzêzpè e’èyyirpv qrèçfvep rçve ! Tâvllv ylèçv. î’vepveïz ïvz yvrzieevz tâç e’iep èâôâev ùïâôèpçie, tâç sèhiâvep lvz sieevz fèeçCrvz, î’ve vepveïz fXfv ôêèepvr yèrhiçz ! Tâvl zèez-aXev ! îv zâçz zûr tâ’çlz ev zèqvep yèz hèçrv âe eœâï ïv ôrèqèpv ôvz fèliprâz. Zç èâ fiçez öè fv rveïèçp ylâz îvâev ! Fèçz eie, G lè ylèôv, îv zâçz pùlùyèpêv… è tâiç öè f’èqèeôv êâfh
Fichtre, j’ai peut-être pensé un peu fort, ils ont encore du m’entendre sur ce consensus télépathique.
Je quitte le bureau pour faire un tour en cuisine à la recherche d’une bricole à grignoter. Je prends un plateau du service et commence à le remplir. Ah parfait, il reste des parts du mille-feuilles de ce soir. Le coulis de fruits rouges doit être quelque part par là…ah voilà. Hop. Hum, sachons soigner la représentante de notre fournisseur. Une part un peu plus grande. Voyons pour le thé… Un goût boisé, fort pour relever la pâtisserie mais pas trop pour ne pas l’étouffer. Un thé noir poudre de canon sera bien. Feuilles brisées ou broyées ? Si c’est un coulis de fruits rouges, broyées bien sûr.
Je sors une théière que je mets à chauffer. Machinalement, j’exécute les gestes de préparation, avec rigidité mais efficacité. Une fois l’eau chaude, je vide la théière puis la laisse lentement refroidir pendant que je fais mes dosages. Deux tasses, cinq grammes pas plus, pas moins dans le filtre. De nouveau trois verres et demi d’eau, pas plus pas moins versés dans l’ustensile. Je sors ma montre et commence à compter. Deux minutes trente, pas plus pas moins. Je remue la théière pour que le tout soit homogène. Dans les deux tasses légèrement préchauffées pour ne pas faire de choc thermique, je verse le thé. Soucoupe, cuillère à thé, sucrier, fourchette pour le gâteau, tout y est. J’enfile mes gants par réflexe.
J’empoigne le plateau des deux mains et revient dans le bureau. Je le dépose sur le panneau de travail pour tendre à Oromonde la soucoupe et la tasse fumante. Je dépose son assiette avec le mille-feuilles sur un coin du panneau vers elle.
Opït jê ipùt, ïc kxô opïftê M jècpc fï àùw fètè èzêj ipc eùwwê-hêïùwwêi iït jpïwùi fê htïùki tpïöêi.
Je dépose ma tasse et mon assiette sur un tiroir laissé ouvert comme support en hauteur. Je saisis la tasse puis hume la vapeur, sourire fugace sur mon visage puis je sirote du bout des lèvres. Je me laisse aller sur ma chaise.
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